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Mort de Clarence Avant : l’histoire secrète du « Parrain noir »

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Par Elia Hoimian. Mise à jour Le 14/08/2023.

Clarence Avant, « Le parrain noir », est mort le 13 août, à l’âge de 92 ans.

« C’est un mélange du Révérend Al Sharpton, Martin Luther King et Malcolm X de la musique », dixit feu Andre Harell. Il se décrit lui-même comme un « négociateur » ; pour ses amis, il est LE Parrain. Clarence Avant a été le premier noir à vivre à Beverly Hills. Il a découvert Bill Withers, SOS Band, Jim Brown. Il est à l’origine des succès de Jimmy Jam & Terry Lewis, La Reid &Babyface, et évité à P. Diddy, la prison. Le héros est iconoclaste, le casting, inattendu, et l’histoire incroyable ! Voici l’histoire du fondateur de Sussex et Tabu Records : Clarence Avant, l’Afro-Américain le plus influent de toute l’histoire de l’industrie.

 

 

Une mort paisible, une vie dynamique

Clarence Avent est mort paisiblement dans sa maison de Los Angeles dimanche le 13 août, à l’âge de 92 ans.  La nouvelle a été confirmée par ses deux enfants, Nicole et Alex, et son gendre, Ted Sarandos.

« C’est avec le cœur lourd que la famille Avant / Sarandos annonce le décès de Clarence Alexander Avant », dit le communiqué envoyé par courrier électronique. «Grâce à son leadership commercial révolutionnaire, Clarence est devenu affectueusement connu sous le nom du « parrain noir » dans les mondes de la musique, du divertissement, de la politique et du sport. Clarence laisse derrière lui une famille aimante et une mer d’amis et d’associés qui ont changé le monde et continueront de changer le monde pour les générations à venir. La joie de son héritage apaise le chagrin de notre perte. »

Sa femme, Jacqueline, avait été assassinée dans leur domicile en 2021, à l’âge de 54 ans.

 

L’héritage du magnat de la musique

Le monde du divertissement lui a décerné le prix de l’entrepreneur, et l’a immortalisé au Walk Of Fame de Los Angeles. Dans les dédales de cette épopée, on y rencontre pêle-mêle, des chefs d’Etat, des politiques, des activistes des droits civiques, des artistes majeurs qui ont fait et continuent de faire vibrer la culture afro-américaine, des patrons de l’industrie du disque, des sportifs légendaires… Non, ce n’est pas le synopsis d’un film hollywoodien enrichi par la bande originale d’un Lalo Schiffrin, ancien pianiste et arrangeur de Dizzy Gillespie, dont il était le manager ; oui, un manager noir pour un artiste blanc, incroyable pour l’époque à Hollywood. C’est bien un documentaire, une histoire vécue, une histoire vraie. Une histoire qui prend racine dans le sud profond et nous fait traverser les années 50 jusqu’à nos jours, car il est encore vivant.

 

La fuite du domicile et le début de l’aventure

Clarence Avant, enfant naturel et aîné d’une famille de huit enfants, naît en 1931 dans le sud. Il est obligé de rejoindre sa tante à New jersey vers l’âge de 12 ans car il a mis de la mort au rat dans le plat de son beau-père qui battait sa mère Gertrude. Son aventure musicale commence alors en 1959 à Newark (New Jersey), où Clarence dirige le club de Teddy Powell, une légende locale, promoteur noir d’artistes tels Sam Cooke et Jackie Wilson. Il avait 28 ans. C’est là qu’il rencontre Joseph G. Glaser, le fondateur de l’agence de management Associated Booking Company, qui a dans son catalogue les plus grandes stars noires de l’époque : Duke Ellington, Dinah Washington, Louis Armstrong, Sarah Vaughan et Billie Holliday. On dit Glaser proche de la mafia d’où ses ramifications dans tous les domaines de la création. Qu’importe, Il sera le mentor de Clarence à qui il confie le management de Little Willie Johnson, Jimmy Smith, « Le plus grand organiste de tous les temps », selon le 42e Président des Etats-Unis, Bill Clinton, pour qui Clarence a réuni un million de dollars pour la campagne. En 1974, il en avait fait autant pour Jimmy carter, sur recommandation de Andrew Young, bras droit de Martin Luther King. Clarence avait mis tous les moyens à sa disposition pour son élection.

 

L’entrepreneur

En dépit de cette hyperactivité, Clarence veut s’investir davantage dans la musique et changer de rôle. En 1971, Clarence devient entrepreneur et crée Sussex Records. Particularité de ce label, alors que tout le monde veut faire du Berry Gordy (des artistes noirs dans un label dirigé par un Noir), le fondateur de la Motown, Clarence Avant, lui, prend le contre-pied. Il ne signera que des artistes blancs hormis Bill Withers, sur son label. Ce sera Dennis Coffey (et son tube, « Scorpio »), le premier blanc à se produire dans Soul Train de Don Cornelius qui lui doit aussi la pérennisation de son émission, Sixto Rodriguez… et enchaîne des hits. Plus tard, il s’investira dans les médias en s’offrant une radio locale la KAGB-FM, la première station de radio noire de Los Angeles et une des premières aux États-Unis, d’autre part, dans la production audiovisuelle en produisant avec succès la première et unique émission de variétés de Mohamed Ali, pour asseoir la réputation de la légende de la boxe, en dehors du sport. On y voit d’ailleurs un duo avec Barry White au piano. Il sera également l’initiateur de la Couleur Pourpre avec son ami de toujours Quincy Jones, et Steven Spielberg dont il réglera le problème de droit suite à la participation clandestine de Michael Jackson à E.T.

 


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Les intervenants

Dans le casting de narration de cette formidable aventure, on y croise Benny Medina (manager de Jennifer Lopez, et ex de Tyra Banks, Mariah Carey et Puff Dady) qui est impliquée dans la production du Fresh Prince Of Bell Air, sur négociation de Clarence avec Warner Bros ; Andre Harell (décédé le 8 mai dernier), fondateur de Uptown records, pour qui il a négocié l’indemnité de départ de la Motown, Berry Gordy, Lionel Richie, et surtout de Barack Obama dont il a négocié la prise de parole en prime-time en 2004 lors de la convention de Boston, pendant la campagne de John Kerry. C’est cette occasion qui a permis à Obama de sortir son discours fondateur qui l’a révélé au grand public.

La force de cet ovni du monde du divertissement, sa capacité à fédérer des forces antagonistes pour en faire une énergie inclusive. « Save The Children », le premier film noir fait par des Noirs, pour des Noirs et avec que des Noirs a fait intervenir les trois labels hégémoniques de l’époque : Stax, Motown et Atlantic. C’est dire la force de persuasion de Clarence Avant. La liste de ces interventions dans la vie de tous les acteurs de l’industrie serait fastidieuse, et certaines resteront sans doute toujours secrètes. Mais lorsque vous écouterez SOS Band, Cherelle, Control de Janet Jackson, les artistes Laface Records (TLC, Toni Braxton)  ou encore  « Lean On me » de Bill Withers, dites-vous bien que sans Clarence Avant, ces joyaux ne seraient pas sortis de terre.

Chapeau l’artiste ! 

 

The Black Godfather,  sur Netflix.

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1 Comment

  • Le bluesman Lucky Peterson est mort à 55 ans !
    4 ans ago Reply

    […] est un vibrant hommage au « plus grand organiste de tous les temps« , selon Bill Clinton dans The Black Godfather, le documentaire consacré à Clarence Avant, le premier manager de […]

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