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Rokia Traoré incarcérée en France : Une racisation de la procédure ? 

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Par Lise-Marie Ranner-Luxin 

Rokia Traoré, a été incarcérée mercredi 11 mars 2020 à la maison d’Arrêt de Fleury-Mérogis, dans l’attente de sa comparution pour statuer sur son extradition vers la Belgique dans le cadre d’un deuxième mandat d’arrêt Européen émis par les autorités judiciaires Belges, dans une affaire qui l’oppose à son ex-compagnon sur la garde de leur fille.  

 

Unracisation de la procédure 

L’artiste vit avec sa fille et son frère depuis que les quatre mois de la petite fille au Mali. Cette dernière y est scolarisée régulièrement avec son frère à l’école internationale américaine, et parle déjà à son âge trois langues :  le Bambara, le Français et l’Anglais. Suite à des dépôts de plainte pour attouchements sexuels sur l’enfant du couple au Mali, en France et en Belgique, une décision judiciaire malienne, donne à Rokia Traoré la garde exclusive de sa fille avec un droit de visite du père sous sa surveillance. PourtantRokia Traoré a été arrêtée dès sa descente d’avion, à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, malgré son statut de diplomate qui lui garantit une immunité. Selon la chanteuse, les policiers lui auraient dit ne pas en tenir compte, voire même passer outre de manière volontaire, méprisante, et délibérée. Rokia Traoré considère donc qu’il y une racisation de la procédure en ce qui la concerne et réfute la compétence de la Belgique, en se fondant dans son cas sur le constat de la violation de plusieurs conventions internationales et traités, qui prévoient qu’en matière de garde d’enfant, ce sont les juridictions du lieu de résidence de l’enfant qui sont compétentes pour statuer sur sa garde et sur toutes les mesures prises dans son intérêt supérieur. 

 

Une grève de la faim pour interpeller l’opinion et faire reconnaître ses droits 

Considérant que ses droits fondamentaux sont violés, Rokia Traoré propose une coopération judiciaire pour que sa fille soit entendue au Mali par des experts et des juges compétents et impartiauxElle remet en question la partialité des juges belges en comparaison avec une longue histoire judiciaire de partialité envers les enfants métisses, trop souvent arrachés à leurs mères d’origine africaine lors de divorces ou de séparations entre couples mixtes. L’artiste qui risque jusqu’à 5 ans de prison, a entamé une grève de la faim pour interpeller l’opinion publique. 

                                               

Un soutient sur les réseaux sociaux qui prend de l’ampleur 

Vendredi 13 mars, une pétition en ligne à l’initiative du « Collectif des Mères veilleuses », un collectif de mères monoparentales de Belgique, pour exiger la libération de Rokia Traoré avait recueilli plus de 5 000 signatures. La pétition dénonce entre autres « les dysfonctionnements de notre justice belge à l’égard des mères monoparentales, (…) sans cesse tenues pour responsables du désintérêt et du désinvestissement des pères à l’égard des enfants ». Sur Twitter, le hashtag #FreeRokia, Libérez Rokia, a été lancé jeudi 1mars dans l’après-midi par le compte de la chanteuse malienne Rokia  Traoré. Selon l’internaute Élimane H Kane « élevons nos voix pour le respect de sa dignité de femme, mère et artiste de rang mondial qui a porté la voix de la culture africaine partout. Elle a chanté l’unité africaine dont elle a aujourd’hui besoin, autour d’elle. »

Pour Amy Dicko, sur Twitter : « Rokia Traoré est une ambassadrice de la culture malienne, nos autorités doivent réagir ! Il faut dire à notre ministre de la Culture que son boulot ne se résume pas à porter des grands boubous. » Le monde culturel n’est pas en reste : « Rokia Traoré est une ambassadrice de la culture malienne. Elle ne doit pas être traitée en criminelle », s’indigne Alioune Ifra Ndiaye, promoteur culturel. L’économiste sénégalais Felwine Sarr va plus loin et crie « au scandale ! » Dans une longue lettre postée sur Facebook, il s’indigne notamment du fait que « cette affaire, bien que privée et qui devait le rester, est devenue politique (…) elle reflète l’état des rapports politiques, juridiques et symboliques entre l’Afrique et le reste du monde ». 

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