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Les Noirs et la musique classique : l’histoire oubliée d’un racisme bien orchestré

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La Grande-Bretagne lutte pour faire face à son passé. Les historiens et les journalistes s’interrogent sur la formation de l’identité noire britannique au XXe siècle. C’est ainsi que l’historien David Olusoga explore la relation durable entre la Grande-Bretagne et les diasporas africaines avec “Black and British A Forgotten History” une série sur la BBC. La journaliste Suzy Klein, spécialiste de musique classique et d‘art contemporain, tente, elle, de sauver l’héritage des compositeurs noirs classiques toujours sur cette même BBC avec son documentaire « Black Classical Music : The Forgotten History ». Ainsi, ce docu tente de répondre à cette question cruciale : Pourquoi du Chevalier De Saint-Georges à Samuel Coleridge-Taylor, les musiciens et compositeurs classiques noirs sont sortis des sentiers battus ?

 

 

Avant la traite, des centaines d’Africains vivaient déjà une vie assez ordinaire en Grande-Bretagne

John-Blanke (« Black Tudor »)

Le documentaire commence dans les années 1500, avant la traite des esclaves vers l’Atlantique, lorsque des centaines d’Africains vivaient déjà une vie assez ordinaire en Grande-Bretagne. Nous rencontrons un tisserand au nom remarquable et curieusement éloquent de Reasonable Blackman. Reasonable n’était pas un musicien, mais un contemporain de John Blanke, un accompagnateur africain de Catherine d’Aragon. Grâce à son expertise de trompettiste, Blanke a eu les faveurs de Henry VIII. Avec l’esclavage vint la déshumanisation (George Haendel en profita personnellement), et avec cette déshumanisation, vint l’établissement de la tradition classique europhile qui se poursuit encore aujourd’hui.

 

La musique « noire », considérée comme rythmique, et la musique « blanche », mélodique

Nous apprenons que plusieurs modèles commencent à émerger. La séparation entre musiques « noire » et « blanche » ; l’idée selon laquelle la musique « noire », considérée comme essentiellement rythmique et la « blanche », mélodique, est profondément enracinée dans cette période. Les musiciens classiques noirs ont souvent prospéré brièvement lorsqu’ils se produisaient ou composaient dans les limites du canon blanc, avant de lutter pour être reconnus après avoir introduit des éléments plus « africains ». Cela témoigne d’une hiérarchie esthétique qui perdure encore aujourd’hui.

 


Lire aussi : L’histoire de Saint-Georges, le « Mozart noir » par Stephen Williams et Stefani Robinson


Le Chevalier De Saint-Georges copié par Wolfgang Amadeus Mozart

Ignatius Sancho, le premier noir publié

Mais les hiérarchies esthétiques pâlissent par rapport aux histoires humaines. Bien qu’il soit né sur un bateau d’esclaves, Ignatius Sancho est devenu le premier compositeur noir publié de l’histoire, tandis que le chevalier parisien rocailleux De Saint-Georges a trouvé certains de ses styles de violon copiés par l’effronté Wolfgang Amadeus Mozart. George Augustus Bridgetower était admiré par Beethoven, qui lui a écrit une sonate. Et bien qu’il ait grandi dans un Londres pauvre et illégitime à la fin du XIXe siècle, le prodigieux Samuel Coleridge-Taylor a obtenu une bourse d’études au Royal College of Music à l’âge de 15 ans et a commencé à payer ses factures peu de temps après.

 

Alors, pourquoi ces musiciens remarquables ne nous sont-ils pas familiers ?

Il y a une réponse évidente à cette question et, malheureusement, c’est probablement aussi la bonne. Klein et Henry sont accompagnés tout au long de ce voyage par l’orchestre BAME Chineke ! qui réanime les œuvres négligées de ces compositeurs. Mais ce n’est pas toujours aussi simple : des morceaux de cette musique existent à peine aujourd’hui. Par exemple, pour interpréter la Symphonie en la mineur de Coleridge-Taylor, Chineke ! doit utiliser une partition dont il manque des mesures entières. Le fait est que ces auteurs ne sont pas entourés, que ce soit au sens propre ou au sens figuré. Leur héritage n’est pas entretenu, leur visage ne correspond pas. Aussi célèbre qu’ils aient été durant leur vie, leur réputation se flétrit rapidement à leur mort, faute de soleil. Leurs œuvres ne sont pas canoniques parce que le canon n’est pas construit ou entretenu en pensant à eux. C’est un exemple presque parfait de racisme structurel qui se perpétue. Nombreux sont ceux qui sont morts prématurément et malheureusement ; il n’est pas surprenant d’apprendre qu’être noir dans un monde blanc, c’était alors s’engager dans un acte de haute voltige avec des filets de sécurité usés et plus encore, tomber.

 

Même les actes mineurs de révision et de récupération sont ardemment surveillés

Comme le montre clairement ce documentaire, la Grande-Bretagne lutte pour faire face à son passé, bien qu’il existe un danger permanent que ce film active un filon d’intérêt protecteur, jusqu’alors bien caché, dans la vie apparemment mouvementée des White Lives de la musique classique. Comme Klein l’a constaté, même les actes mineurs de révision et de récupération sont ardemment surveillés. Pourtant il ne semble vraiment pas y avoir de menace pour l’hégémonie blanche dans la musique classique. Comme le souligne le documentaire, les membres de la BAME ne représentent que 1,6 % des orchestres britanniques.

1 Comment

  • Jeanine
    11 mois ago Reply

    Cet article victimaire est malhonnête. Je suis une soprano allemande noire réputée dans le monde de l’opéra, il n’y a pas de racisme dans ce milieu, je ne l’ai jamais ressenti, Jessiye Norman non plus.
    Le chevalier Saint George n’était pas bon, avez vous écouté ses compositions? Il n’a en aucun cas inspiré ni été copié par Mozart. Celui qui a écrit cet article a un agenda politique et strictement aucune connaissance en musique classique. La musique noire est effectivement plus rythmique et la musique blanche plus mélodique, et je ne vois pas en quoi cette réalité indéniable serait un problème.
    Vous faites du mal aux personnes noires qui se sentent bien et épanouies, en inventant une pseudo oppression.

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