La rumba congolaise entre au patrimoine immatériel de l’Unesco
Après le reggae de la Jamaïque en 2018, et cinq ans après la rumba cubaine, c’est la rumba des deux Congo qui entre au patrimoine immatériel de l’humanité.
Black News Afrique
La Rumba, entre deux histoires
L’histoire de la rumba, comme celle du jazz, du blues et toutes les autres musiques de notre culture date des premières heures du commerce triangulaire et l’exil forcé des Africains vers les Amériques qui ont emmené avec eux leurs cultures. Dans leur malheur et souffrances, à l’aide d’instruments rudimentaires ou au simple son de la voix, ils ont survécu. Musiques de résilience et de joie, ces musiques ont été immortalisées sur galettes puis ramenées dans nos contrées soit par des commerçants européens soit par les expatriés.
C’est ainsi que « Marie-Louise » de Wendo Kolosoy (1925-2008), premier tube du genre a atterri sur les platines des bars. Mais selon les spécialistes, la rumba congolaise puise ses origines dans l’ancien royaume Kongo, où l’on pratiquait une danse appelée Nkumba, qui signifie « nombril », parce qu’elle faisait danser hommes et femmes nombril contre nombril.
L’influence de la musique afro-cubaine
Entre-temps, la rumba congolaise s’est enrichie, dans les années 30, de la musique afro-cubaine, appelée aussi rumba, pour entrer dans la modernité. Et c’est Joseph Kabaselé alias Grand Kallé (1930-1983), le leader de l’African Jazz, l’un des pères fondateurs de la rumba congolaise moderne avec Tabu Ley Rochereau (1940-2013) – père du rappeur Youssoupha -, qui a révolutionné le genre en introduisant la formation d’orchestre pour créer cette ambiance de fête qui caractérise le genre. Grand Kallé va alors créer son propre label et convaincre des politiques à s’intéresser à ce que font les musiciens du pays.
La rumba qui a connu son apogée dans l’ébullition sociale, politique et culturelle précédant les indépendances africaines, va se répandre dans continent par le biais des radios.
Mais « La rumba congolaise se distingue entre autres par la prédominance du lingala, langue « préfabriquée » à partir des parlers vernaculaires de la partie septentrionale du bassin du Congo, puis enrichie par les échanges sur le parcours du fleuve ainsi que par des codes de l’armée coloniale et, surtout, comme support littéraire de la chanson populaire urbaine, dans ses variations à la fois romantiques et satiriques. La rumba congolaise continue de s’approprier les innovations contemporaines de la « world music » dans une inépuisable créativité », rappelle André Yoka Lye, Président de la Commission mixte RDC-Congo pour la promotion de la rumba dans Jeune Afrique.