#France. Quand l’artiste Camélia Jordana « tase » la police
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Par Lise-Marie Ranner-Luxin
Invitée samedi 23 mai, dans l’émission de France 2 ONPC, la chanteuse et actrice Camélia Jordana a dénoncé les violences policières suscitant les réactions hostiles de plusieurs syndicats de policiers, ainsi que les railleries de quelques chroniqueurs de plateaux télé. Pourtant ce que la chanteuse dénonce n’est que le ressenti d’une partie de la population qui subit de nombreux contrôles aux faciès accompagnés de violence qu’on ne peut plus nier.
Une brutalisation de la confrontation entre les citoyens et la police
Certes la France n’est pas les Etats-Unis, où les policiers ont plutôt la gâchette facile, mais ce serait faire preuve de malhonnêteté intellectuelle que de nier ce que de nombreuses ONG, associations antiracistes et sociologues dénoncent depuis plusieurs années, à savoir une recrudescence de la violence, dans la société mais aussi dans les rangs de la police française. Pour preuve les nombreuses blessures causées lors des manifestations des Gilets Jaunes. Le journal Libération a analysé des centaines de photographies, de vidéos et de déclarations afin d’en détacher une liste, non exhaustive, de 82 manifestants blessés gravement et d’une femme morte à cause d’une grenade lacrymogène. Blessures retenues : les membres arrachés, les organes ayant perdu leur fonction principale, les os fracturés, les pieds et jambes incrustés de bouts de grenades, les brûlures graves, mais aussi toutes plaies ouvertes au niveau de la tête. Ainsi, les hématomes, parfois exceptionnellement vastes, causés par des tirs de lanceur de balles de défense (LBD) ou des coups de matraques n’ont pas été comptabilisés.
Camélia Jordana énonce des évidences
Le documentariste et écrivain David Dufresne, spécialiste des violences policières, dans une interview au magazine « Les Inrockuptibles » a déclaré à propos de Camélia Jordana : « Je pense qu’elle exprime des évidences, et ce qui est étonnant, c’est l’étonnement que son intervention procure : depuis une trentaine d’années, on assiste à une confrontation entre la police et une partie de la population, à une brutalisation de cette confrontation ». « Je pense que pour tout un tas de raisons historiques, qui remontent à très très loin, le ministère de l’Intérieur, la police, sont incapables d’accepter le regard des autres. Et ce, alors même que la police est une force publique pour l’avantage de tous et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée, comme le dit l’article 12 de la Déclaration des droits de l’homme ».
Une police proche de l’extrême droite
Les Syndicats de police et le ministre de l’intérieur retiennent le mot « massacrer » utilisé par Camélia Jordana toujours selon David Dufresne « pour éviter d’aborder le fond. C’est une technique d’esquive extrêmement classique. Il ajoute : « Il y a des gens qui ont travaillé sur le délit de faciès, pour lequel la France a d’ailleurs été condamnée. Il y a aussi eu les rapports du défenseur des droits, des insignes nazis ou fascistes qu’on a vu apparaître sur des policiers, notamment lors de manifestations. On sait qu’il y a un lien fort mais discuté néanmoins entre une partie de l’extrême droite et une partie de la police. Toute la police n’est pas à droite ou à l’extrême droite, mais, en tout cas, on sait par exemple qu’il y a des commissaires de police qui travaillent avec Marine Le Pen ».
Les deux facteurs déterminants sont la couleur de peau et l’âge
Quand Camélia Jordana dit que ce sont les Noirs et les Arabes qui se sont victimes de la police, il faudrait ajouter un autre facteur déterminant qui est l’âge. Toujours selon David Dufresne : « il y a deux facteurs qui jouent : la couleur de peau et l’âge ». Pour éviter les accusations de racisme dans ses rangs, la police a fait un effort dans son recrutement, il ajoute : « D’une certaine manière, la police était consciente de cela quand elle a commencé il y a une dizaine quinzaine d’années à prêter une attention particulière à l’embauche, avec notamment des jeunes policiers issus des quartiers ou de l’immigration ; il y a eu cette volonté affichée de casser cette image d’une police blanche, raciste, etc. ». Le président de la République Emmanuel Macron qui avait vu le film les Misérables de Ladj Ly, à sa sortie avait décalé : « qu’il avait été bouleversé par sa justesse, et qu’il avait demandé au gouvernement de se dépêcher de trouver des idées et d’agir pour améliorer les conditions de vie dans les quartiers.» Visiblement Christophe Castaner n’a pas assisté à la projection. Il n’est pas trop tard pour une séance de rattrapage.
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