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France. L’ex-ministre Elisabeth Moreno, victime de racisme

C’est dans une tribune au Huffpost qu’Elisabeth Moreno, ancienne ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité femmes-hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, a poussé son cri de cœur face au racisme qu’elle a subi dans un café huppé de la place parisienne.

 

« Qui aurait cru qu’il serait plus facile pour une femme noire en 2022 d’aller dans l’espace que d’être servie dans un des cafés les plus symboliques de Paris ? Et pourtant : c’est bien l’expérience que j’ai vécue il y a quelques jours, et j’en tremble encore de colère et de tristesse », commence la ministre.

Une histoire qui prouve, si besoin était encore, que nul Noir n’est à l’abri de ces agissements au quotidien. Il est bien évident que personne ne se balade avec un badge de sa fonction ou de sa position autour du cou. Ainsi, un(e) Noir(e) ressemble à tous (toutes). 

« J’étais, entre autres, avec Mae Jemison, femme extraordinaire, acceptée à Stanford à 16 ans, sélectionnée pour être astronaute quinze ans plus tard, et qui est devenue en 1992 la première Afro-Américaine à aller dans l’espace, à bord de la navette spatiale Endeavour. »

« De colère parce que j’étais, entre autres, avec Mae Jemison, femme extraordinaire, acceptée à Stanford à 16 ans, sélectionnée pour être astronaute quinze ans plus tard, et qui est devenue en 1992 la première Afro-Américaine à aller dans l’espace, à bord de la navette spatiale Endeavour. Elle a découvert une image très différente de ma France rêvée et dont je lui parle avec ferveur », raconte Elisabeth Moreno.

« Il est 16h. À peine assises et pas encore servies, dans en ce lieu hautement symbolique qui porte en lui une partie de notre patrimoine littéraire et philosophique, celui-là même qui scelle nos valeurs républicaines, un manager s’approche de nous et, sur un ton péremptoire, nous indique qu’il va nous installer à l’étage, car nous dérangeons notre voisin. Nous sommes cinq, lui est seul, mais c’est à nous de partir – « Ce Monsieur travaille, et c’est un habitué, lui », nous justifie-t-on. Nous n’étions pas à notre place. Nous n’étions pas des habituées, nous. Nous n’étions qu’un groupe de femmes noires et métisses, certaines étrangères, et notre présence dérangeait un habitué », raconte l’ex-ministre.

On était habitué que cela arrive chaque jour aux hommes noirs ou de la diversité et que les femmes étaient exemptées par ce type de comportement arrogant et insultant, car non menaçantes. Que nenni ! Les femmes aussi subissent indifféremment ce type d’agissement condamnable. « Du fait de mon parcours et expérience, je mesure la responsabilité qui m’incombe », justifie la ministre pour sa prise de parole qui prouve que si nos élites se taisent, que pourrait faire le (la) Noir(e) lambda ?

« Ce dont je veux vous faire prendre ici conscience, c’est le pouvoir de l’habitude sur nos comportements et nos agissements – « Toute notre vie n’est qu’une accumulation d’habitudes », écrivait William James en 1899. Ces décisions que nous prenons tous les jours de manière consciente ou inconsciente, en les pensant fondées sur un rationnel alors qu’il n’en est rien », explique la ministre.

 

« Je constate amèrement que ces actes inadmissibles se camouflent dans les pratiques de certains établissements qui, sous couvert d’être sélectifs, se permettent d’exclure à l’entrée les femmes et les hommes issus de la diversité. »

 

« En effet, je constate amèrement que ces actes inadmissibles se camouflent dans les pratiques de certains établissements qui, sous couvert d’être sélectifs, se permettent d’exclure à l’entrée les femmes et les hommes issus de la diversité. Nous l’avons également observé avec l’enquête filmée par l’association SOS Racisme, qui vient par ailleurs de déposer plainte pour discrimination raciale, contre deux plages privées ayant refusé l’entrée aux personnes d’origine subsaharienne et maghrébine. »

« La persistance des stéréotypes dans notre société continue de fracturer notre nation plurielle, et cette discrimination latente est une attaque insupportable à la dignité humaine. Ces phénomènes sont loin d’être rare, hélas : ces dix dernières années, la discrimination ressentie par les femmes pour motif sexiste observée en France est en hausse. En 2019-2020, 46 % des femmes estiment avoir été discriminées en raison de leur genre, lorsqu’elles étaient 28 % entre 2008 et 2009, selon une étude de l’INSEE en juillet 2022. Lorsqu’il s’agit des formes de discriminations subies en raison de ses origines, ce sentiment demeure constant au fil des années. La question des discriminations, quelles qu’elles soient, continue de créer un profond malaise et nous renferme. Combattre ces maux qui ternissent la cohésion sociale est résolument l’affaire de toutes et de tous », détaille Elisabeth Moreno.

Il y a plus de 70 ans, un Afro -Américain traversait l’Atlantique pour devenir écrivain : « À New York, dira-t-il plus tard, la couleur de ma peau m’empêchait d’être moi, alors qu’en Europe cette barrière était levée ». Cet homme s’appelait James Baldwin, et c’est à Paris qu’il écrivit son premier roman, La Conversion. À une table du Flore. On ne l’en a jamais chassé. Il était un habitué. Le serait-il encore aujourd’hui ? », se demande la ministre.

« Je veux le croire », conclue Elisabeth Moreno.

 

Source : HuffPost

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