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#France. Alex, le policier noir qui a dénoncé ses collègues racistes, membres d’un groupe WhatsApp, raconte

 

Une enquête de Médiapart vient de nous annoncer l’épilogue d’une affaire qui a débuté en décembre 2019, quand un policier #noir de 43 ans prénommé Alex, en poste à Rouen, a découvert que plusieurs de ses collègues échangeaient des messages #racistes, antisémites, #sexistes et homophobes dans un groupe privé sur l’application #WhatsApp. Alex avait porté plainte contre six d’entre eux. Ce que raconte le policier aux journalistes est ahurissant tant les propos sont violents.

 

Rappel des faits

Mediapart et ARTE Radio ont eu accès à des dizaines de messages vocaux échangés par des policiers, fin 2019, sur un groupe privé WhatsApp qui comptait onze membres.

Alex, le policier qui les a dénoncés à sa hiérarchie et qui a porté plainte, se souvient d’avoir été « choqué » par le contenu des messages. « Ça pousse à la folie, je n’en dormais pas. Je vis tout seul. J’en ai parlé à mon frère, à des amis, mais c’était dur. J’ai dû prendre sur moi et décider d’avancer. » « Ces propos sont au-delà du supportable », complète son avocate Yaël Godefroy, « ébahie par la violence » des termes employés. « Mon client n’a même pas pu les lire en totalité. Il m’a demandé d’en prendre connaissance ».

« Pendant une semaine, j’étais dans les mêmes locaux que les personnes que j’avais dénoncées mais elles ne le savaient pas », rappelle Alex aux journalistes de Médiapart. « Les fêtes de Noël, c’était une horreur. » Au retour des vacances, Alex apprend qu’il change de service, pour rejoindre une patrouille anti-délinquance. « Cette affectation m’a été imposée, mais je ne vais pas me plaindre. C’est un domaine qui me plaît. Ma hiérarchie est attentive et proche de ses hommes. Personne ne me parle de cette affaire, et j’évite aussi d’en parler, mais j’ai reçu des marques de soutien. »

 

« …s’ils voyaient une voiture occupée par des gens de couleur, ils disaient : “Ça, c’est une voiture de bâtards. » »

Alex a appris que certains le surnommaient « le Noir » ou « le négro » dans son dos

Alex qui a entamé sa carrière en 1999, dit avoir été dérangé par certains propos. Il reconnait « des années magnifiques » en banlieue parisienne, jusqu’en 2008, mais se souvient aussi des « blagues racistes », « petites réflexions » et raccourcis connotés de quelques collègues. « En patrouille, par exemple, s’ils voyaient une voiture occupée par des gens de couleur, ils disaient : “Ça, c’est une voiture de bâtards. Mais toi t’es pas comme eux. T’as choisi d’être comme nous.” ». C’est en arrivant à Rouen qu’il constate un changement. « Il y a moins de collègues antillais et maghrébins, moins de fonctionnaires noirs. On est jugés tout de suite sur notre apparence. Entourés de Blancs, ils ont moins de mal à se lâcher. » Par des collègues, Alex a appris que certains le surnommaient « le Noir » ou « le négro » dans son dos. Tout comme un huissier du tribunal, ancien fonctionnaire de police. « Je ne veux pas me faire passer pour une victime, dire que je n’ai rien à me reprocher ou que je suis le meilleur fonctionnaire du monde », poursuit Alex. « J’ai sans doute réagi en étant trop agressif, je ne montrais pas l’exemple dans la manière de me défendre. Mais j’ai fait remonter l’info, et il ne s’est rien passé du tout. »

 

« …n’importe quelle gonzesse qui a un minimum de jugeote sait qu’elle a affaire au nègre typiquement séducteur qui la fera cocue à tous les niveaux. » 

Toute l’enquête révèle un langage qui donne la nausée

Un policier qualifie donc Alex en ces termes : « travail de nègre », Alex « doit charmer à mort de la pute à nègres blanche », disent ces policiers, alors que « n’importe quelle gonzesse qui a un minimum de jugeote sait qu’elle a affaire au nègre typiquement séducteur qui la fera cocue à tous les niveaux ». Une collègue féminine d’Alex, est traitée de « pute à nègre », il ajoute : « De toute façon, les gonzesses ne veulent pas de mec bien, elles prennent le nègre qui les saute et puis qui les lâche après. » Un autre policier explique aux autres que s’il était responsable de la formation de la police nationale, il n’y aurait « plus de Noirs, plus d’Arabes et moins de gonzesses ». Toute l’enquête révèle un langage à vomir : « ennemis de la race blanche » : les femmes (des « putes », même les policières), les Noirs (des « nègres »), les Arabes (des « bougnoules »), les gens du voyage (des « putain de manouches »), les Juifs (des « fils de pute » qui « dirigent le pays » en compagnie des « gauchistes »), les homosexuels (des « pédés »).

Le ministre de l’Intérieur a suivi l’avis du conseil de discipline qui avait demandé à l’unanimité leur départ. Deux d’entre eux contestent la sanction. L’enquête pénale, ouverte sur dénonciation d’un de leurs collègues, se poursuit.

 

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