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Trump et les tensions raciales

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Par Lise-Marie Ranner-Luxin

« Quand les pillages démarrent, les tirs commencent. Merci ! », a écrit vendredi Donald Trump. Avec ses tweets qui qualifient les manifestants qui protestent contre le lynchage de Georges Floyd, de « voyous », il incite la police à tirer sur la foule. Tous les présidents avant lui, Obama compris, ont toujours appelé au calme à chaque débordement de violence. Donald Trump qui joue la campagne électorale, ne recule devant rien pour satisfaire sa base, pro-armes, en attisant les tensions raciales en hausse depuis sa présidence, selon deux études récentes.

Trump, un allié de l’extrême droite et du Ku Klux Klan

Deux études récentes, Pew Research Center et le Southern Poverty Law Center ont monté qu’une large majorité d’Américains considèrent que les relations raciales ont empiré depuis l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. En 2016, la campagne électorale de Donald Trump avait été plébiscitée par les militants de l’extrême droite, qui voyaient en lui le défenseur affirmé d’un nationalisme américain. Son plus proche conseiller de l’époque, Steve Bannon, ne cachait pas sa sympathie pour les groupes suprémacistes. Donald Trump lui-même refusa de condamner publiquement le soutien public de David Duke, l’ancien leader du Ku Klux Klan (KKK), sous prétexte qu’il ne voulait pas condamner un groupe « dont il ne savait rien ». Sans blague !

La Southern Strategy

La relation incestueuse qu’entretient Trump avec l’Extrême droite n’est que le fruit de le « Southern Strategy ». En politique américaine, la Southern strategy désigne la stratégie mise en place par le Parti républicain afin de séduire l’électorat blanc du Sud des États-Unis qui votait traditionnellement démocrate. Ce fut la stratégie principale de la campagne de Richard Nixon en 1968. Elle continue de fonctionner puisqu’elle est fondée en partie sur le ressentiment des Américains blancs. Elle conjugue l’antipathie de la politique conservatrice aux taux d’imposition marginaux, ainsi qu’une antipathie culturellement conservatrice envers les droits civiques, les droits des femmes, des homosexuels, des minorités en générale. Et avec le système des grands électeurs qui n’est pas près de changer Trump a malheureusement toutes les chances d’être réélu.

Un système électoral basé sur l’esclavage qui a favorisé son élection

Donald Trump avait twitté en 2012 après la victoire de Barack Obama : « Le système américain est un désastre pour la démocratie ». Réaction prématurée car il pensait à tort que Barack Obama était réélu avec moins de voix que son adversaire Mitt Romney. Ironie du sort c’est ce même système qui va l’avantager au profit d’Hillary Clinton qui pourtant avait obtenu plus de voix que lui. Ce système électoral qui est un héritage de l’esclavage donne un avantage aux petits Etats à l’électorat blanc non-hispanique. L’idée que les Noirs ne sont pas de vrais Américains a été posée dès 1790 avec les Pères fondateurs. La première loi de naturalisation affirmait déjà que « seuls les blancs » pouvaient devenir des citoyens américains par naturalisation donc des électeurs. Et la Cour suprême avait jugé que les Noirs nés aux Etats-Unis ne pouvaient pas devenir des citoyens. Les choses n’ont évolué qu’après la guerre de Sécession, avec Abraham Lincoln. Mais l’idée perdure jusqu’à nos jours dans l’esprit de nombreux Américains blancs.

Les événements de Charlottesville

Will Smith, dans l’émission télévisée «Late Show » de Stephen Colbert en 2016 avait déclaré « Le racisme n’a pas empiré, il est désormais filmé ». Si la vidéo a permis d’alerter ce que les associations pour les droits civiques dénoncent depuis toujours, elle a été une caisse de résonnance pour alerter l’opinion publique et mondiale sur le vrai visage de l’Amérique de Trump. En 2017 la ville étudiante, multiculturelle et progressiste de Charlottesville, avec son maire juif et son chef de police noir située dans le Sud conservateur des États-Unis, a été le théâtre d’une importante manifestation rassemblant l’extrême-droite américaine, des néo-nazis et membres du Ku Klux Klan. Un des membres avait foncé dans la foule d’opposants, et tué l’un d’entre-deux. Donald Trump avait alors critiqué les manifestants antiracistes à la place des racistes.

Trump utilise régulièrement le mot « nègre »

Ancienne démocrate, Omarosa Manigault a participé l’émission The Apprentice. Emission rappelons-le dont Donald Trump himself était l’animateur. Durant la campagne de Trump, elle était chargée des relations avec la communauté afro-américaine. Engagée après l’élection de Trumps comme conseillères en communication à la Maison-Blanche, elle a affirmé dans ses mémoires, Unhinged, publiés peu après sa démission, que D. Trump était ouvertement raciste et qu’il utilisait régulièrement le mot « nègre ».

L’exacerbation des tensions raciales qui ont marqué la fin du dernier mandat de Barack Obama et l’élection de Donald Trump ont donc mis un terme de voir se concrétiser aux États-Unis le projet d’une société post-raciale. Le rêve de Martin Luther King est trop beau pour être vrai.

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