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La Martinique sous tension : injures raciales, violences policières, contestations…

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La rédaction

 

La Martinique vit son thermidor 2020. Une révolution sociale, politique et  environnementale sans précédent. Déjà très échaudée par l’empoisonnement de ses terres au chlordécone, une nouvelle jeunesse martiniquaise qui se revendique du drapeau Rouge Vert Jaune, a décidé d’éliminer tous les symboles coloniaux, esclavagistes et racistes de leur île.  Une île qui connaît aussi des violences policières, et des profilages et injures racistes.

 

Le chlordécone

La quasi-totalité des Guadeloupéens et des Martiniquais sont contaminés par ce pesticide ultratoxique, utilisé massivement de 1972 à 1993. Une situation unique au monde, pour lutter contre le charançon de la banane, un insecte qui détruisait les cultures dans les bananeraies.

Ce dossier tentaculaire qui met en cause la responsabilité de l’Etat, des élus politiques locaux, et les békés des grandes plantations bananières, a des répercussions à la fois sanitaires, environnementales, économiques et sociales, et est une bombe à retardement.

 

Violences policières sur le jeune militant Kéhzia

 

La vidéo montre l’arrestation du militant anti-chlordécone Kéziah Nuissier

 

L’arrestation musclée du jeune Kéziah assimilé à un lynchage par les gendarmes a provoqué des émeutes dans la nuit du 17 au 18 juillet 2020. Une plainte a été déposée le 31 juillet par l’avocat de Kéziah pour trois motifs : tentative de meurtre, acte de torture, et injures publiques à caractère raciales.

Le procureur Renaud Gaudeul affirme détenir des vidéos prouvant qu’un gendarme aurait été frappé par Kéziah placé sous contrôle judiciaire. Le procès aura lieu le 27 aout.

Un rassemblement en soutien au jeune Kéziah a eu lieu mercredi 22 juillet 2020 à la maison des syndicats à Fort-de-France. Organisée par le comité du 13 janvier, la manifestation a réuni une centaine de personnes.

 

Profilage racial, injures racistes appel au meurtre et destruction du Neg Maron de la part de résidants blancs sur les réseaux sociaux

L’affaire des injures racistes alimente toutes les discussions en Martinique. En général, les relations entre Martiniquais et Hexagonaux sont plutôt bonnes même si certains ont déjà eu à déplorer des querelles de voisinage. Mais jamais cela n’avait jamais dégénéré de la sorte.

 

 

Les symboles de l’esclavage et de la colonisation terrassés

Les jeunes activistes réclament la suppression, dans l’espace public, de tous les symboles liés à la colonisation, à l’esclavage et aux négriers. Outre le déboulonnage et la destruction des deux statues de Victor Schoelcher, ils ont détruit dimanche 26 juillet à coups de massue la statue de Joséphine de Beauharnais, native de Martinique, première épouse de Napoléon Bonaparte qui a rétabli l’esclavage en 1802. Ils ont, dans la foulée, détruit la statue de Pierre Belain d’Esnambuc. Leur prochaine cible,  la Porte du Tricentenaire pour laquelle un ultimatum a été lancé au maire de Fort-de-France pour qu’il la dépose, faute de quoi ils ont prévu de la faire disparaître de l’espace public le 2 août.

Cette porte dite du tricentenaire a été construite à l’occasion de la célébration des 300 ans de la prise de possession et du début de la colonisation de la Martinique par Pierre Belain d’Esnambuc (1635).

 


Lire aussi :#Martinique. Les statues de Joséphine, épouse de Napoléon, et D’Esnambuc, déboulonnées en Martinique


Aimé Césaire avait demandé à Kho Kho René Corail de donner, par une œuvre nouvelle, un autre sens à la Porte du Parc Floral. Cette dernière qui porte désormais le nom du poète martiniquais célébrait le tricentenaire de l’installation de la France en Martinique. Une fresque racontant le génocide amérindien avait aussi été créée. Suite à l’ultimatum des activistes qui voulaient détruire cette porte, le préfet a pris un arrêté afin d’interdire toute manifestation ce dimanche 2 août, de 5 heures à 23 heures aux abords du parc culturel Aimé Césaire.

 

La statue de Ghandi vandalisée

La figure de Gandhi a été agressée, prolongeant la série des déboulonnages en Martinique. Un choc pour les Martiniquais d’origine indienne… Depuis plusieurs années, la légendaire figure de la non-violence a été accusée dans un ouvrage par Rajmohan Gandhi, son propre petit-fils, d’avoir tenu des propos désobligeants envers les Africains.

Ces « révélations » sont à l’origine de cette hostilité. En 2016, au Ghana, des universitaires avaient lancé une pétition demandant le retrait d’une statue offerte par l’Inde et implantée dans leur université.

 

 

Le nom de rues qui posent problème

Les plaques portant le nom de Victor Hugo et Blénac ont été arrachées. Victor Hugo à qui les manifestants reprochent notamment cette phrase malheureuse : « Au dix-neuvième siècle, le Blanc a fait du Noir un homme », que l’auteur a prononcé à l’occasion de son Discours sur l’Afrique, en 1879. Et Blénac pour être le rédacteur du Code Noir.

 

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