Coronavirus : Pourquoi les Noirs américains semblent plus touchés ?
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Par Elia Hoimian
Le phénomène devient inquiétant. Dans certains Etats, les Noirs, plus pauvres donc plus démunis, semblent payer le plus lourd tribu, actuellement, en nombres de cas positifs et de décès. A tel point que le porte-parole, noir, de la maison blanche pour les questions de santé, adresse désormais des messages spécifiques à sa communauté.
Les chiffres semblent tous converger dans le même sens, pour les Etats qui affichent des données ethniques. L’Amérique enregistre 120000 morts actuellement et plus de 4000 dans la ville de New York. Sur ces données, les chiffres enregistrés par les différents Etats donnent froids dans le dos. Ainsi, en Louisiane, sur une population qui représente le tiers de la population, 70% de morts ; A Detroit, 40% de décès sur une population qui ne représente que 15% du total. À Chicago, troisième ville du pays, c’est la maire, noire, qui s’en inquiète : les Noirs représentent plus de la moitié des cas positifs et près des trois quarts des décès, alors qu’ils représentent moins d’un tiers des habitants. Et la tendance semble s’observer dans d’autres Etats qui, pour le moment n’ont pas de données ethniques chiffrées.
Les Raisons ?
Les raisons les plus probables de ce phénomène seraient plutôt d’ordre économique et social que génétique, et un système de santé défaillant et défavorables aux Noirs et aux pauvres. En effet, au paradis de l’assurance maladie privée, comme on peut s’en douter, les pauvres et les riches ne sont pas logés à la même enseigne. Les pauvres et les Noirs ont en général une mauvaise voire pas du tout d’assurance santé. D’où le programme Obama Care qui s’adressait à cette frange de la population, et qui, face à l’opposition de la majorité républicaine, n’a malheureusement pas pu s’appliquer de manière massive. D’autre part, les Noirs, en moyenne plus pauvres : 21% de la population juste devant les Hispaniques (18%) sur une moyenne nationale de 12%, habitent donc des logements plus petits, dans des immeubles. Une proximité facteur de contamination. De plus, Généralement éloignés de leur travail, ils se déplacent plus en transports en commun. De par leurs qualifications et leurs emplois, ils font moins de télétravail donc obligés de sortir, plus souvent que d’autres, tous les jours, pour des raisons professionnelles. Une plus grande probabilité donc de diffusion et de propagation du virus.
Le coronavirus vient ainsi mettre en lumière toutes les politiques de santé fragiles et les priorités des différents gouvernements. C’est le cas de s’interroger réellement sur ces priorités : l’économie ou la santé, notamment des plus pauvres ? Une question qui s’adresse à tous les gouvernements du monde.