César : Le discours d’Aïssa Maïga qui a semé le trouble
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Par Lise-Marie Ranner-Luxin
Le discours d’Aïssa Maïga aux César, un flop ou un top ?
C’est devant un public visiblement embarrassé que l’actrice Aïssa Maïga a appelé à plus de diversité et de parité dans le cinéma français lors de la 45ème cérémonie des César. Après avoir salué les acteurs noirs présents à la cérémonie, elle a déclaré : « Dès que je me retrouve dans une grande réunion du métier, je ne peux pas m’empêcher de compter le nombre de noirs et de non-blancs dans la salle », a-t-elle dit. « On a survécu au whitewashing, au blackface, aux tonnes de rôles de dealers, de femmes de ménage à l’accent bwana, on a survécu aux rôles de terroriste, à tous les rôles de filles hypersexualisées…
« On est une famille, on se dit tout, non » ?
Il parait que le linge sale se lave en famille, et bien non. La salle toujours de marbre a écouté gênée Aïssa Maïga la gorge sèche et réclamant un verre d’eau : « vous tous qui n’êtes pas impactés par les questions liées à l’invisibilité, aux stéréotypes ou à la question de la couleur de la peau (…) Et en fait, on voudrait vous dire, on ne va pas laisser le cinéma français tranquille. La bonne nouvelle, c’est que l’inclusion ne peut se faire sans vous », a insisté l’actrice, présidente des collectifs « 50/50 » et « Noire n’est pas mon métier ». Preuve de l’indifférence, elle a interpellé quelqu’un présent dans la salle : « N’est-ce pas monsieur qui êtes sur votre téléphone portable ? Même Vincent Cassel n’a pas compris la vanne : « C’était toi le renoi du cinéma français avant la diversité. Je te mets dans le quota, ça te va ou pas ? », lui demande Aïssa Maïga en rigolant. L’acteur, présent dans la salle Pleyel pour soutenir Hors Norme, ne comprenant pas du tout de quoi il était question a les yeux ébahis et murmure : « Je n’ai pas compris« . L’actrice faisait sans doute référence à La Haine, de Mathieu Kassovitz le film qui a révélé Vincent Cassel. À cette époque, l’acteur représentait une forme de diversité dans le cinéma français, parce qu’il incarnait un jeune d’une banlieue. Et même cette allusion n’a pas réussi à détendre l’atmosphère glaciale.
Avec les chats ça passe mieux
La maîtresse de cérémonie Florence Foresti a elle choisi l’humour pour dénoncer le manque de diversité dans le cinéma en prenant l’exemple des chiens qui ont obtenu un nombre de rôles incalculables au cinéma, et presque rien pour les chats…La salle jusque-là crispée, s’est alors détendue et a ri au sous-entendu. Comme dans les Fables de la fontaine, pour dénoncer les maux d’une société, rien de mieux que les animaux pour faire passer la pilule amère coincée en travers de la gorge de l’Académie. Mais les animaux arriveront-ils à guérir de la peste ?