#Bristol. La statue d’une manifestante de Black Lives Matter remplace celle de Colston, marchand d’esclaves.
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La Rédaction
Bristol est décidément en première ligne dans le combat contre les représentations des vestiges esclavagistes. En juin dernier, les manifestants de Black Lives Matter avaient fait la une des journaux du monde entier lorsqu’ils avaient déboulonné et jeté dans la rivière Avon la statue d’Edward Colston, un marchand d’esclaves du XVIIe siècle. Mercredi, la ville s’est réveillée avec une toute nouvelle figure, célébrée sur le socle laissé vide : une manifestante de BLM.
Un moment unique immortalisé
L’artiste britannique Marc Quinn a érigé une statue représentant une femme avec le poing levé comme le salut du Black Power à l’endroit où se tenait Colston. Il s’est inspiré d’une photographie de Jen Reid, une résidente de Bristol, manifestatante de Black Lives Matter, qui avait occupé le socle vide après la manifestation de juin.
C’est cette image que le sculpteur Reid a immortalisé dans une sculpture grandeur en utilisant de la résine noire. Dans un communiqué de presse publié mercredi, il a déclaré que la sculpture « incarne et amplifie les idées et les expériences de Jen, ainsi que le passé, le présent et son espoir d’un avenir meilleur ».
« Mon ami … m’a montré une photo sur Instagram de Jen se tenant sur le socle à Bristol avec son poing levé, comme un salut Black Power », a-t-il dit. « Ma première pensée a été de me dire à quel point ce serait incroyable de faire une sculpture de ce moment précis ».
« C’est une image si puissante, d’un moment que je sentais devoir matérialiser, pour toujours. J’ai contacté Jen via les médias sociaux pour discuter de l’idée de la sculpture et elle m’a dit qu’elle voulait bien collaborer ».
Une œuvre temporaire
L’œuvre, officiellement intitulée « A Surge of Power (Jen Reid) 2020 » (« Une montée en puissance (Jen Reid) 2020 »), est destinée à être temporaire. L’artiste a confirmé qu’il n’avait pas reçu la permission des autorités d’ériger la statue. Dans le cas où l’œuvre serait vendue, les bénéfices seront reversés à deux organisations caritatives, choisies par Jen Reid, qui promeuvent l’inclusion de l’histoire des Noirs dans les programmes scolaires.
« Nous voulons continuer à mettre en lumière le problème inacceptable du racisme institutionnalisé et systémique auquel chacun a le devoir de faire face »
« Jen et moi ne mettons pas cette sculpture sur le socle comme une solution permanente à ce qui devrait être là – c’est une étincelle qui, nous l’espérons, contribuera à attirer l’attention sur cette question vitale et urgente », a ajouté Quinn.
« Nous voulons continuer à mettre en lumière le problème inacceptable du racisme institutionnalisé et systémique auquel chacun a le devoir de faire face. Cette sculpture doit être réalisée dans le domaine public maintenant : Ce n’est pas un problème nouveau, mais il semble qu’il y ait eu un point de basculement mondial ».
« C’était totalement spontané »
Dans un communiqué de presse publié par le studio de Quinn, Reid se souvient d’avoir ressenti une « impulsion irrésistible » à monter sur le socle après la manifestation, qui a attiré environ 10 000 personnes dans les rues de Bristol le 7 juin.
« Quand je me suis tenue là sur le socle, et que j’ai levé le bras en signe de salut du Black Power, c’était totalement spontané, je n’y ai même pas pensé », aurait-elle déclaré. « C’était comme si une charge électrique de puissance me traversait. »
Reid a déclaré qu’elle a accepté de collaborer avec Quinn pour aider à « faire avancer le chemin vers la justice et l’équité raciale ».
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« Cette sculpture a pour but de défendre ma mère, ma fille, les Noirs comme moi », poursuit-elle. « Il s’agit d’enfants noirs qui la voient là-haut. C’est quelque chose dont on peut être fier, qui donne un sentiment d’appartenance, parce qu’en fait, notre place est ici et nous n’irons nulle part ».
La statue de bronze originale se trouvait dans le centre-ville de Bristol depuis 1895, mais elle était devenue de plus en plus controversée en raison du rôle de Colston dans la traite des esclaves de l’Atlantique. La sculpture avait déjà fait l’objet de pétitions demandant son retrait.
Quelques jours après le renversement de la statue, l’artiste de rue Banksy – qui serait originaire de Bristol – a également proposé d’ériger une statue représentant un acte de protestation. Il a publié une esquisse sur son compte Instagram en même temps que l’explication : « Nous le traînons hors de l’eau, le remettons sur le socle, lui attachons un câble autour du cou et commandons des statues de bronze grandeur nature de manifestants en train de le tirer vers le bas. »
Article original : CNN