FN Meka, Le premier rappeur noir conçu par IA, rattrapé par ses frasques
Comble d’ironie, FN Meka, le tout premier rappeur entièrement créé par intelligence artificielle, rattrapé par des sorties jugées racistes, ne signera pas finalement un album. En effet, selon le New York Times, Capitol Records, le label sur lequel devait sortir son premier album, s’est retiré de la transaction. Une histoire rocambolesque !
Industry blackout, une association noire a torpillé le deal
L’industrie n’est pas à une extravagance près. Tels les boys bands créés dans les années 90, deux Blancs ont eu l’idée saugrenue de créer de toutes pièces un personnage fantasque, qui a réussi à cumuler 10 millions de followers sur TikTok. Un rappeur virtuel avec une voix d’un véritable rappeur noir derrière. Ce qui a attiré l’attention de Capitol Records qui voulait signer FN Meka. Mais c’était sans compter avec Industry BlackOut. Vous avez dit appropriation culturelle ?
De caricatures en caricatures, le robot a fini par attirer la colère de l’association Industry Blackout, une organisation noire à but non lucratif, prête à défendre la communauté face à l’industrie du disque : « Un corps unifié de personnes noires dans l’industrie qui s’engagent à changer la communauté. Nous sommes là pour le mouvement, pas juste pour le présent. »
« « Il a été porté à notre attention que votre société a décidé de s’associer à factory new en signant le « rappeur » artificiel FN Meka. Bien que nous applaudissions l’innovation technologique qui connecte les auditeurs à la musique et améliore l’expérience, nous trouvons que le manque de prise de conscience de l’offense de cette caricature est une faute.
C’est une insulte directe à la communauté noire et à notre culture. Un amalgame de stéréotypes grossiers, de manières appropriées dérivées d’artistes noirs, avec des insultes infusées dans les paroles.
Cette effigie numérique est une abomination irréfléchie et irrespectueuse des personnes réelles qui subissent des conséquences réelles dans la vraie vie. Par exemple, Gunna, un artiste noir qui figure sur une chanson avec FN Meka, est actuellement incarcéré pour avoir rappé le même type de paroles que ce robot imite. La différence est que votre rappeur artificiel ne sera pas soumis à des charges fédérales pour cela… », a expliqué l’association qui a conclu par une demande de retrait du robot des plateformes. « Nous exigeons que ce partenariat soit résilié, que des excuses publiques officielles soient émises, [et] FN Meka retiré de toutes les plateformes. »
Devant le lever de bouclier, la maison de disques a finalement fait machine arrière et publié un communiqué concernant sa décision de se séparer de l’artiste et s’est excusé auprès de la communauté noire.
« Nous présentons nos plus sincères excuses à la communauté noire pour notre insensibilité à signer ce projet sans poser suffisamment de questions sur l’équité et le processus créatif qui le sous-tend. Nous remercions ceux qui nous ont fait part de leurs commentaires constructifs au cours des deux derniers jours – votre contribution a été inestimable lorsque nous avons pris la décision de mettre fin à notre association avec le projet. »
De plus, Kyle the Hooligan, la voix de l’artiste de l’intelligence artificielle, a révélé, le mercredi 24 août, dans un post Instagram qu’il n’avait pas été suffisamment payé pour ses contributions : « Ils ont utilisé ma voix, mon son, la culture, et je ne reçois pas un centime de rien », a révélé Kyle.
FN Meka est sorti de l’esprit d’Anthony Martini et Brandon Le, deux hommes non noirs, au début du mois. Le duo a construit Meka pour remplacer le modèle « inefficace et peu fiable » du travail A&R et a été soutenu par la société Martini’s Factory New.
FN Meka se permettait de singer l’agression d’un Noir par la police dans un post twitter.