BARBIE REND HOMMAGE A IDA B. WELLS, JOURNALISTE ET MILITANTE ANTI-LYNCHAGE
La légendaire journaliste afro-américaine Ida B. Wells est la dernière figure historique à être transformée en poupée Barbie dans le cadre de la série « Inspiring Women » de Mattel qui propose déjà Rosa Parks, Ella Fitzgerald et Maya Angelou, récemment entrée dans l’histoire en devenant la première femme noire à figurer sur une pièce de monnaie. La poupée sera en vente le 17 janvier, déclaré « Journée Martin Luther King Jr. »
Dans une déclaration partagée sur Instagram par le compte officiel de Barbie, on peut lire : « #Barbie est fière d’honorer l’incroyable Ida B. Wells en tant que nouveau modèle dans notre série « Inspiring Women », consacrée à la mise en lumière des héroïnes qui ont ouvert la voie à des générations de filles pour rêver grand et faire la différence […] Lorsque les enfants apprennent à connaître des héroïnes comme Ida B. Wells, ils ne se contentent pas d’imaginer un avenir meilleur – ils savent qu’ils ont le pouvoir de le réaliser. »
Le post partage également une célèbre citation du livre de Wells, The Light of Truth : Writings of an Anti-Lynching Crusader, « La façon de redresser les torts est de tourner la lumière de la vérité sur eux. »
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La poupée comprend une miniréplique du Memphis Free Speech, le journal dont Wells est devenu rédacteur et copropriétaire en 1889. En tant militant anti-lynchage, Wells a enquêté sur la violence de la foule blanche et a rédigé des actes d’accusation féroces concernant les lynchages d’hommes noirs. Ce qui a rendu les habitants furieux au point de détruire les bureaux du Memphis Free Speech.
Michelle Duster, auteur, historienne publique et arrière-petite-fille d’Ida B. Wells, a déclaré à NPR : « Mon arrière-grand-mère était une pionnière, qui a courageusement suivi ses convictions et défié le statu quo en luttant pour les droits civils et le suffrage des femmes. C’est une occasion incroyable de mettre en lumière sa vérité et son héritage durable afin de donner à une nouvelle génération les moyens de défendre ce en quoi elle croit. »
La poupée sera en vente à partir de lundi (17 janvier), ce qui coïncide avec la Journée Martin Luther King Jr. Les autres personnages remarquables de la série sont Rosa Parks, Ella Fitzgerald et Maya Angelou, qui est récemment entrée dans l’histoire en devenant la première femme noire à figurer sur un « quarter » américain.
Qui est Ida B. Wells ?
Ida Bell Wells est née le 16 juillet 1862 à Holly Springs, dans le Mississippi, en esclave. Son père, James Wells, fils du maître et d’une de ses esclaves, est un activiste politique qui a siégé à l’Université Shaw, le premier établissement pour affranchis.
Son combat politique commence, le 4 mai 1884, lorsqu’elle refuse de céder sa place, comme le lui demande le conducteur du train. Elle précède ainsi Rosa Parks. Elle engage une procédure judiciaire contre la compagnie ferroviaire qui est condamnée à lui verser 500 dollars. Mais la cour suprême du Tennessee casse ce premier jugement en 1885 et condamne Wells à payer les frais de justice.
« Il n’y a qu’une seule chose à faire : prendre notre argent et quitter une ville qui ne protégera jamais nos vies et nos biens, ne nous rendra pas justice devant les tribunaux, mais nous prend et nous tue de sang froid quand nous sommes accusés par des personnes blanches. »
L’affaire, largement relayée dans la presse, lui assure une notoriété et lui permet de faire ses premiers pas de journaliste. En 1889, elle est copropriétaire et éditrice de Free Speech and Headlight, un journal anti-ségrégationniste abrité par l’Église méthodiste de Beale Street de Memphis. En mars 1892, une émeute nocturne vise une épicerie prospère, tenue par des Noirs, accusée de faire de l’ombre à un commerce similaire, blanc. Les trois propriétaires du commerce sont emprisonnés et tués dans la nuit par la foule.
Elle exprime sa colère dans un article dans le Free Speech dans lequel elle conseille à ses concitoyens noirs de quitter la ville : « Il n’y a qu’une seule chose à faire ; prendre notre argent et quitter une ville qui ne protégera jamais nos vies et nos biens, ne nous rendra pas justice devant les tribunaux, mais nous prend et nous tue de sang froid quand nous sommes accusés par des personnes blanches. »
L’assassinat de ses amis pousse Wells à mener un travail d’investigation sur le lynchage pratiqué à l’encontre des Afro-Américains dans le Sud des États-Unis. Elle publiera deux ouvrages sur le lynchage. Southern Horrors : Lynch Law in all its phases, un long pamphlet sur le sujet dans le New York Age, et The Red Record (1892-1894) qui s’appuie sur un travail de compilation statistique.