Enquête : Les Noirs en Allemagne

Cette enquête, assez rare et unique, lève le voile sur l’immigration noire en Allemagne. C’est en effet, la première fois, depuis la seconde guerre mondiale, qu’une telle étude est réalisée. Organisé en 2020 par un groupe communautaire noir basé à Berlin et Citizens for Europe, ce sondage à grande échelle révèle que « le racisme anti-noir est répandu en Allemagne et ancré dans les institutions ». Explications.

Afrozensus est la première vaste enquête sur la communauté noire en Allemagne

Il faut croire que les immigrants africains en Europe sont dans la même barque. Le cas de la France, étayé par de nombreux reportages et chiffres, n’est pas vraiment différent. Immigrants africains de tous pays, même combat.

En effet, les Noirs vivant en Allemagne sont confrontés à des problèmes omniprésents de racisme et de discrimination, selon une enquête qui marque le premier effort à grande échelle pour recenser les expériences de la communauté.

La criminalisation est aussi une expérience partagée : plus de 56 % disent qu’on leur demande s’ils vendent de la drogue. Et plus de 56 % disent également qu’ils sont contrôlés par la police sans raison.

Afrozensus

Afrozensus est la plus grande enquête jamais menée auprès des Personnes noires, africaines et afro diasporiques en Allemagne sur cinq sujets : engagement, Expériences de discrimination dans 14 domaines de la vie, Racisme anti-Noirs, Faire face à la discrimination, la résilience et l’autonomisation de la communauté noire.

L’enquête, réalisée conjointement par Each One Teach One, un groupe communautaire noir basé à Berlin et Citizens for Europe, offre quelques-uns des premiers aperçus sur plus d’un million de personnes d’origine africaine vivant en Allemagne. Elle a interrogé près de 6 000 sujets entre juillet et septembre 2020.

L’étude révèle que les Noirs immigrés en Allemagne viennent de 144 pays, mais sont confrontés, tous, aux mêmes problèmes. Et que la plupart des sondés (2 822 personnes) sont originaires du pays et que la part immigrée est minoritaire : États-Unis (111), Nigéria (81), Ghana (76), Kenya (62), Érythrée (56), Éthiopie (54), Cameroun (49) et Brésil (47). Par ailleurs, la plupart des sondés sont jeunes, entre 20 et 39 ans, qui se définissent comme « noir », « afro-allemand » et « personne de couleur ».

Peut-être anecdotique, mais plus de 90% des personnes interrogées déclarent qu’on leur saisit les cheveux sans leur consentement.

La sexualisation des Noirs est aussi une expérience courante.

Dans l’ensemble, près de 80% disent recevoir des commentaires sexualisés sur les applications de rencontres sur leur apparence ou leur « origine ».

Le marché du logement, les services de sécurité et la police ont été identifiés comme des domaines particulièrement sujets à la discrimination à l’encontre des Noirs ; plus de 60 % déclarent que cela se produit « très fréquemment ». 

Le racisme anti-noir en Allemagne

L’Allemagne n’a pas collecté d’informations sur l’origine ethnique ou raciale de ses résidents depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement faisant valoir que les autorités ne devraient plus jamais être en mesure d’identifier les communautés menacées de persécution. Bien que l’intention soit bien intentionnée, les critiques de l’approche ont fait valoir que le manque de données dans ce domaine permet au racisme d’être mis sous le tapis en le rendant presque impossible à suivre.

Plus de 90 % disent qu’on ne les croit pas lorsqu’ils s’attaquent au racisme. Quand ils expriment des critiques, ils sont accusés d’être en colère. Une expérience partagée par 86 % des sondés.

Afrozensus

La composition raciale du pays est plus complexe que ce son reflet dans les statistiques officielles, qui classent les gens comme étrangers, Allemands ou Allemands « issus de l’immigration ». Cette dernière catégorie regroupe des communautés diverses et ne tient pas compte des descendants d’immigrés de la deuxième ou de la troisième génération, qui peuvent encore faire l’objet de discrimination.

L’enquête a également montré que la communauté noire d’Allemagne était particulièrement touchée par les effets économiques de la pandémie. Près d’un sondé sur sept a déclaré avoir perdu son emploi à cause de la crise.

Selon l’étude, « sur le marché du logement, 83,4 % ayant deux parents africains/afro diasporiques, entre autres, disent avoir été victimes de discrimination sur le marché du logement. « .

Enquête intégrale à lire sur le site officiel d’Afrozensus