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Omar Sosa & Seckou Keita : voyage contemplatif entre Cuba et le Sénégal

Puissant antidote à la morosité de ces temps troublés, où nos sociétés se cherchent une nouvelle boussole, « Suba », le nouvel opus du pianiste cubain Omar Sosa et du joueur de kora sénégalais Seckou Keita, nous emmène sur la route d’une musique méditative aux contours multiples, qui emprunte aux traditions ouest-africaines, afro-cubaines, afro-vénézuéliennes, au jazz et au classique occidental.

Avant leur tournée française prévue au printemps 2022, Sosa et Keita se sont confiés à Black News Magazine. Interview. 

 

  Avec Suba, Omar Sosa et Seckou Keita, sur les chemins du contemplatif, de la paix et de l’unité

La suite de Transparent Water (album sorti en 2017 par ces deux virtuoses), Suba est un concentré de raffinement, d’élégance et de maîtrise à la fois mélodique et rythmique.
À l’instar de Transparent Water, l’improvisation y est toujours présente, mais Suba fait la part belle à une écriture plus structurée. On vous suggère une écoute du morceau de clôture de l’album « No One knows », dans lequel Omar SosaSeckou KeitaGustavo Ovalles (percussionniste) et ses compagnons de route Jaques Morelenbaum (maître violoncelliste brésilien), Steve Argüelles poussent à l’extrême les élucubrations de l’improvisation. On serait tenté de les appeler les disciples de la méta-improvisation. Vous le comprendrez, en lisant l’interview de Sosa et Keita.
Sur le plan esthétique et philosophique, ce nouvel album de Sosa et Keita, enregistré en 2020 pendant le confinement, a pour maîtres-mots la spiritualité, la paix, l’amour, l’amitié, la tolérance, la compassion, l’empathie.
D’après Omar Sosa et Seckou Keita, Suba, qui signifie l’ »Aube » en malinké, c’est le lever du soleil, le voyage à la recherche d’un nouveau jour pour l’humanité.

Interview via zoom pour Seckou qui était à Nottingham et Omar Sosa, présent physiquement avec notre journaliste Leonard Silva.

 

BN : Suba, votre nouvel album est en quelque sorte la suite de Transparent Water que vous avez enregistré en 2017. Comment avez-vous créé les conditions pour ce voyage musical contemplatif ?

Omar Sosa : Puisque je me trouve ici à Paris à vos côtés et Seckou à Nottingham, au Royaume-Uni et qu’on se voit par Zoom et écran d’ordinateur interposé, alors je le laisse commencer.
Seckou Keita : Eh bien ! Tout a commencé avec Transparent Water et la suite a pris forme grâce à nos expériences et notre complicité, acquises pendant quatre ans de tournées à travers le monde. Nous sommes arrivés à un point où notre amitié et notre entente musicale ont atteint une maturité. Pas uniquement entre Omar et moi, mais aussi avec Gustavo Ovalles (percussionniste), puisque nous sommes en trio.
Donc lorsqu’il y a eu la fin du premier confinement, j’ai téléphoné à Omar et je lui ai dit qu’il était temps qu’on enregistre un deuxième album, qu’on apporte au monde un deuxième bébé… (rires). Bref, nous avons entamé l’écriture, chacun de son côté, Omar à Barcelone et moi ici à Nottingham et à Londres. Une fois libérés des restrictions de circulation, nous nous sommes rencontrés dans la magnifique île de Minorque. Et là, nous avons commencé un travail d’écriture ensemble. La bonne trouvaille, c’est aussi le fait que nous étions entourés de nos familles. Tout cela nous a aidés à parfaire notre inspiration et à mélanger d’autres ingrédients, comme Omar aime à le dire. Cette situation a épicé un peu plus notre volonté d’écrire l’album.
Après Minorque, nous sommes entrés en studio à Osnabrück, en Allemagne. Tous les trois, avec Gustavo Ovalles, on enregistrait et en même temps et on se faisait à manger pendant la durée de l’enregistrement. Tout s’est bien passé à la fois sur le plan musical et humain. Voilà comment notre « bébé » est né… (rires).

BN : Omar Sosa, peut-on dire que Suba est un album empreint de spiritualité ?

Omar Sosa : En quelque sorte. Transparent Water est un album fondamentalement axé sur une musique de l’esprit. En réalité, quand Seckou m’a appelé pour qu’on commence à travailler sur ce deuxième opus, il y a tout de suite eu un point sur lequel on s’est accordés, c’est qu’on voulait créer une musique méditative. Nous ne voulions pas montrer une quelconque agressivité. Avec Gustavo, nous avons pensé que le monde a besoin de paix, d’unité, d’amour, de consensus, de compassion. En fait, lorsque nous avons entamé l’écriture des morceaux, tout est venu naturellement, parce qu’on était devant la mer, on mangeait très bien, on avait nos enfants autour de nous, je buvais du bon vin, Seckou prenait du bon thé… (rires) 

Nous avons créé cet album dans la décontraction, sans stress, sans aucune pression, sans qu’on nous oblige à speeder, à y mettre une énergie folle… En gros, l’idée, c’était de recréer un environnement de paix, d’unité, de construire ce que nous voulons dire au monde. Suba signifie, en malinké, l’aube. Lorsque vous regardez le lever du soleil, c’est ce qu’il va arriver après la pandémie de Covid.
Nous étions confinés dans nos maisons. Et pour nous, sortir de chez soi, créer ainsi qu’enregistrer de la musique, c’était comme voir le lever du soleil. Suba représente tout à fait cela, une expression du jazz et de la musique contemplative.

 

« … Notre création musicale représente ce que nous sommes à la base, à la fois de cultures africaine et cubaine. Comme le dit souvent Omar, Cuba est une province d’Afrique. Ceci pour étayer le fait que la musique sénégalaise, parmi d’autres, est partie d’Afrique vers Cuba et elle est ensuite revenu à la maison. » Seckou Kéita

BN : Les titres manifestent-ils une volonté de faire revivre les traditions et les racines classiques africaines et afro-cubaines, tout en les intégrant dans un contexte musical moderne ?

Seckou Keita : Eh bien, cela est peut-être une approche, mais je pense qu’il y a plusieurs angles. Dans ce contexte-là, nous pourrions tout aussi parler de revisiter certains concepts, voire textures. Tout cela vient de notre vécu en tant que musiciens, notamment de l’expérience d’Omar. Sur le plan de l’alimentation, on dit souvent que nous sommes ce que nous mangeons. Donc, notre création musicale représente ce que nous sommes à la base, à la fois de cultures africaine et cubaine. Comme le dit souvent Omar, Cuba est une province d’Afrique. Ceci pour étayer le fait que la musique sénégalaise, parmi d’autres, est partie d’Afrique vers Cuba et elle est ensuite revenue à la maison.
Suba est la somme de tous ces éléments-là et de nos expériences personnelles acquises à travers l’échange avec d’autres musiciens tout au long de nos carrières. Ainsi que l’a dit Omar, Suba est une proposition d’une aube nouvelle, faite de compassion, d’empathie, pour ce monde.
En ce qui nous concerne, quand nous avons enregistré cet album, c’était comme si on mettait toutes les montres à zéro : la musique de l’album est assez variée.

 

BN : À quel niveau, l’état actuel du monde a-t-il joué un rôle dans l’écriture de Suba et dans vos choix artistiques ?

Omar Sosa : Lorsque nous avons commencé à écrire les morceaux, Seckou m’a proposé d’emblée de mettre en place des structures, d’explorer d’autres chemins pour ce qui était de l’écriture. Alors, tous les morceaux écris à Minorque ont été arrangés en même temps, tout en laissant de l’espace pour l’improvisation. On a réservé ici et là un certain nombre de mesures, seize dans un morceau, un peu plus dans un autre… A partir de structures bien conçues, nous improvisons pas mal, pour aboutir à une formule qui nous plaisait. Nous avons travaillé à l’arraché pendant dix jours, une moyenne de huit heures, jusqu’à trouver ce que nous voulions transmettre sur le plan musical. C’est, comme si vous aviez essayé plusieurs ingrédients et plusieurs cuissons avant d’aboutir au plat recherché.
Dans notre précédent album, Transparent Water, il y a des morceaux qui s’appuient sur des structures bien rigoureuses, ainsi que des compositions qui sont plutôt de l’improvisation pure.
Dans Suba, il y a un morceau, « No One Knows », dans lequel on a poussé à l’extrême le concept d’improvisation. Chacun de nous, Seckou KeitaGustavo Ovalles, Jaques Morelenbaum, Steve Arguëlles, jouait de son côté sans savoir ce que l’autre faisait, sans même savoir le nom du morceau. Chacun improvisait de son côté sans savoir ce que l’autre jouait. Moi, je ne savais pas ce que Seckou sortait de sa Kora, ni ce que j’allais jouer au piano ou marimba, ainsi que Gustavo aux percussions ou Jaques au violoncelle. À la fin, on a rassemblé chaque partie et le tout est devenu un morceau… Je ne sais pas ce que tu en penses Seckou

Seckou Keita : En effet, tout cela est très intéressant, car Suba absorbe toute une variété d’éléments qui parviennent de nos expériences après l’enregistrement de Transparent Water. Cette fois-ci, Omar et moi avons fait le choix d’une musique plus structurée.
Je me souviens que quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois, en 2012, nous nous sommes salué puis nous avons joué quatre heures d’affilée, dans une totale improvisation. C’est cela qui nous a rapprochés et nous a décidés à travailler ensemble. Nous nous sommes liés naturellement. Dans Suba, il y a des éléments qu’on trouve dans Transparent Water, mais aussi des compositions plus structurées à partir desquelles nous avons créé des espaces ouverts à l’improvisation. Nous cherchons toujours, à créer des espaces ouverts. Il y en a dans Suba mais l’improvisation est très limitée. C’est pour cela d’ailleurs que lorsque qu’Omar m’a dit, « pour le morceau de clôture de l’album (‘’No One Knows’’), chacun joue ce dont il a envie. Au tout début, j’appréhendais le résultat, une improvisation radicale et séparée. Omar m’a dit, moi non plus je ne sais pas ce que ça va donner, mais on s’y jette. C’est comme ça. On a établi le tempo, et après chacun était libre de choisir sa clef et ses notes.

 

BN : Pourquoi avez- vous décidé d’interpréter le morceau ‘’Kharit’’ en deux langues, à la fois en wolof et malinké ?


Omar Sosa : 
Je t’avais dit, Seckou, si jamais quelqu’un posait cette question-là, ce serait à toi de répondre…(rires). Au tout début, je savais le sens de la chanson, mais pas ce qu’il chantait en réalité. C’est à toi d’expliquer le reste.

Seckou Keita : Ce qu’Omar dit est exact. Tout d’abord, je voulais dire qu’au Sénégal l’orthographe de « KH » se prononce comme un « R ». Alors « Kharit » on doit dire « Rarit ». Il y a toute une histoire autour de ce mot là. Quoiqu’il en soit, « Kharit » signifie amitié, en général.
Quand j’ai décidé de la chanter dans ma langue natale, le malinké, je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas la chanter en wolof, qui est la langue nationale du Sénégal.
La chanson « Kharit » m’a été inspirée par mon cercle d’amis, des amis de mes amis, aussi par l’amitié qui nous lie Omar et moi sur le plan spirituel et musical. Et ce que je dis est tout aussi valable en ce qui concerne Gustavo Ovalles. En gros, ce que j’ai voulu dire à travers « Kharit », c’est qu’on ne peut pas acheter l’amitié (_ « Oui, tu as raison, mon frère », entrecoupe Omar Sosa). C’est le point central. On ne peut l’acheter, l’amitié s’impose naturellement. C’est pour cela que la chanson est dans deux langues. Je parle à la fois le malinké et le wolof. À l’origine de toute cette histoire, se trouve un très bon ami à moi, Keyti, un rappeur sénégalais. Il s’agit de montrer toute l’amitié et tout l’amour qu’on a vis-à-vis de nos Amis. Par exemple, dans ces temps de pandémie, la meilleure façon qu’on a de dire à nos amis qu’on les aime, c’est d’éviter d’aller les voir. Chacun de nous ne sait pas s’il est contaminé et qu’en allant visiter ses amis, il peut aussi les contaminer. En d’autres termes, l’amitié ne signifie aucunement qu’on doit visiter tous les jours ses amis, qu’on doit aller leur faire la causette tous les jours, ou alors acheter des amis.

…Nous avons chacun nos traditions, mais nous envisageons le monde comme un espace naturellement ouvert. Dans « Suba« , il y a une multiplicité d’éléments qui puisent dans plusieurs traditions. Il y par moments de la musique classique, du jazz… Vous avez du Don Pullen, Randy Weston, Ruben Gonzalez, des musiques traditionnelles du Sénégal, des rythmes afrovénézuéliens et afro-cubains. » Omar Sosa 

BN : Avez-vous essayé dans ce nouvel opus d’aller au-delà de vos cultures personnelles, cubaine et sénégalaise, et d’élargir votre travail à d’autres traditions musicales ?
Omar Sosa : 
Tous les deux, et là je parle pour moi, nous sommes des citoyens du monde. Bien évidemment, nous avons chacun nos traditions, mais nous envisageons le monde comme un espace naturellement ouvert. Dans Suba, il y a une multiplicité d’éléments qui puisent dans plusieurs traditions. Il y par moments de la musique classique, du jazz… Vous avez du Don Pullen, Randy Weston, Ruben Gonzalez, des musiques traditionnelles du Sénégal, des rythmes afrovénézuéliens et afro-cubains. En somme, Suba, c’est comme le lever du Soleil, le « amanecer » (l’aube en espagnol). 

BN : Étant l’un de Cuba et l’autre du Sénégal, quel sont selon vous les éléments qui incarnent le mieux l’ancestralité entre vos deux pays, sur le plan de la musique ?
Seckou Keita :
 Il y a, à l’évidence, des liens ancestraux entre nos deux pays. Tant sur le plan musical que de l’ancestralité tout court. D’ailleurs des liens, qui existaient bien avant qu’Omar et moi ne soyons sur cette terre. Nous n’avons que constaté l’existence de ces liens. Nous avons une musique commune. Cette musique est partie à Cuba et ensuite revenue en Afrique. En fait, on ne peut pas parler de musique cubaine au Sénégal, sans y faire, par exemple, une référence à l’Orchestre Baobab. J’ai grandi avec leur musique. Peut-être qu’Omar peut le compléter avec d’autres éléments. Il y a quelques éléments comme la mer, le voyage, la « clave », la polyrythmie. J’ai toujours apprécié la musique cubaine, de même que ses artistes. La façon dont les musiciens africains écrivent leur musique, leur façon de bouger nous renvoient sûrement à ce qu’incarnent leurs homologues cubains. Il y a sans conteste des liens forts qui nous rapprochent. Ils y sont présents sur tous les aspects, qui existaient déjà. Omar et moi ne faisons que prolonger ces liens qui existaient déjà entre nos ancêtres…

Omar Sosa : Tout à fait. Tu en raison mon frère. 

Plus sérieusement, je me rappelle la première fois que je suis allé à l’île de Gorée, j’ai pénétré dans cet espace qu’on appelle la « porte du non-retour » (point de départ de la sinistre Maison des Esclaves– bâtie par Nicolas Pépin 1780-1784– pour des millions d’africains qui ont été réduits à l’esclavage aux Amériques, à partir du XVIII siècle. Ndlr), j’étais en pleurs. Aujourd’hui encore, lorsque j’y pense, je n’arrive pas à retenir mes larmes. Alors, je me suis promis à moi-même que dorénavant ma mission serait de dire à mes ancêtres que nous sommes-là pour en sorte que leurs voix continuent d’être entendues, que leur message ne soit pas oublié.
Vous savez, je me considère comme un Africain. Comme je l’ai déjà dit, je suis un afro-cubain et aussi comme je le dis toujours, Cuba est une province d’Afrique. Quand je parle ainsi, il y a des gens qui rigolent, mais je ne me lasse pas de le répéter. Nos liens sont tellement étroits.
Par exemple, Seckou et moi, on est vraiment proches l’un de l’autre, que des fois lorsque nous nous produisons ensemble, on se met à rigoler parce qu’on joue musicalement la même phrase, sans le savoir. Il ne s’agit que de complicité sur le plan musical ou alors de nos expériences au cours des années. Il y a à l’évidence une spiritualité commune, ainsi que la façon dont nos ancêtres nous ont transmis leur message. Je dis tous les jours, merci, merci à nos ancêtres de nous avoir donné l’opportunité de représenter leurs voix.

BN : Dans votre musique, il y a le piano et la kora, mais aussi des percussions. Quel rôle joue donc Gustavo Ovalles, dans Suba ?


Omar Sosa :
 C’est comme si Gustavo avait dit, « maintenant, vous allez écouter ce que vous allez écouter ; vous allez écouter ce que moi, Gustavo, je vais vous dire ».
En fait, Gustavo Ovalles nous a dit un jour, « je suis devenu la colonne vertébrale de votre musique, mais à l’avenir laissez-moi rajouter mon grain de sel. »
Je joue avec Gustavo depuis plus de vingt ans. Et avec Seckou, depuis douze ans. Nous ne ressentons pas le besoin de parler lorsqu’on joue ensemble. Tout jaillit naturellement. Et cela me renvoie à la question précédente. Qui est-ce qui guide notre esprit ? Ce sont bien sûr nos ancêtres.
Je vois essentiellement ce nouvel album comme une synthèse de mélodies sublimes qu’accompagnent des percussions solides et raffinées. Voilà le regard que je porte sur Suba. Cela dit, toujours fondé sur des racines et avec les pieds bien sur terre. Car malgré tous les problèmes, pour moi l’Afrique a ses pieds bien sur terre. 

Lorsque, par exemple, les gens dansent en Afrique, ils ont toujours les pieds sur terre. Que les gens dansent au son de la kora, des percussions, de la flûte ou de tout autre instrument, ils gardent toujours les pieds sur terre. Écoutez ceci (Omar Sosa produit un son en tapant sur une table), ce son est la terre en elle-même.

   

« Suba » aborde d’autres thèmes, comme le drame des migrants qui se noient dans la Méditerranée (« Floating Boat »). Dans le passé, des Africains, obligés, mourraient dans les navires pendant la traversée vers les Amériques. Aujourd’hui, ils meurent volontairement en essayant d’arriver en Europe, pour échapper à la misère. Il y a aussi des hommages à ma grand-mère et au frère d’Omar (« Rei’s Ray »),

Seckou Keita : Gustavo est un musicien étonnant. Lorsqu’il joue, c’est comme des flammes de feu. Tous les trois, nous nous sommes tellement habitués à jouer ensemble que pour nous, le mot fou signifie aller au-delà de nos limites et en partant de là, Gustavo devient le vrai boss lors de nos concerts. Il nous dit, restez sur terre, je suis là. En tant que percussionniste, je garde le lien, tenez la route. Et Gustavo sait très clairement où il veut aller. Lorsque Omar lui dit qu’il souhaite une séquence minimaliste, Gustavo sait très bien comment créer des motifs minimalistes, et comment les intégrer aux besoins instantanés de notre jeu.
C’est un fait extraordinaire, la chance que nous avons de bien nous entendre au sein de notre trio. Que ce soit en tournée, lorsqu’on est en studio d’enregistrement, voire en dehors de tout contexte musical. Car, hormis le fait d’être musiciens, nous sommes avant tout des êtres humains. Nous rions ensemble, nous aimons être ensemble, nous avons le privilège à la fois de produire et transmettre, à d’autres personnes, cette musique qui nous a été léguée par nos ancêtres.

Omar Sosa :  Tout est possible lorsqu’on envisage le monde par le dialogue, à travers une approche positive.

Seckou Keita : Et surtout ne pas ignorer le fait que Suba aborde d’autres thèmes, comme le drame des migrants qui se noient dans la Méditerranée (« Floating Boat »). Dans le passé, des Africains, obligés, mourraient dans les navires pendant la traversée vers les Amérique. Aujourd’hui, ils meurent volontairement en essayant d’arriver en Europe, pour échapper à la misère. Il y a aussi des hommages à ma grand-mère et au frère d’Omar (‘’Rei’s Ray’’), car pour nous, il est important de ne pas oublier ceux qui nous ont quittés. Suba, c’est tout cela, et nous espérons que les gens comprendront le message, en attendant notre tournée française, le printemps prochain.

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