(FILES) In this file photo taken on September 14, 2019 Former Ghana President Jerry Rawlings gives an address to heads of state and members of the public during a farewell ceremony for the late former Zimbabwean president Robert Mugabe at the capital's Harare National Sports Stadium where the body of Mugabe lies in state for attending Presidents and former president among other dignitaries to pay teir respects. Ghana's former leader Jerry Rawlings, who towered over the West African nation for two decades first as military ruler and then as elected president, has died aged 73, his party said on November 12, 2020. / AFP / TONY KARUMBA
Homme du peuple, et vivant réellément parmi les siens, l’ex-président ghanéen était aussi partie prenante de la vie du Ghana. Acclamé par tous, ses interventions publiques étaient aussi attendues que s’il était encore au pouvoir. Si Jerry Rawlings ou « JJ » ou « Baba Jay », comme l’appellent affectueusement les Ghanéens a vécu, comme toute sa génération, sous la figure tutélaire de Kwame N’Krumah, l’ »Osagyefo » (le guide, l’éclaireur), la première légende de la Goald Cost (Côte de l’or, premier nom du pays) et père de l’indépendance, le président Rawlings lui, a réussi à construire sa légende, de son vivant. Mort le 12 novembre 2020, à 73 ans, des suites de complications dues au covid-19, sa mort, loin d’être une fin, est le début de sa véritable histoire.
Kwame NKrumah et Muhammad Ali
Si Kwame Nkrumah est le père de l’indépendance obtenue de haute lutte en 1957, Jerry John Lewis, lui est le père de la démocratie et du multipartisme. Deux destins extraordinaires, deux destins croisés, ironie de l’histoire, marqués par un même événement qui n’a cessé de secouer l’Afrique post indépendance : Les coups d’Etat.
Kwame Nkrumah, L’ »Osagyefo » (le guide, l’éclaireur), le libérateur du joug anglais, et panafricaniste, né le à Nkroful dirige le Ghana indépendant, d’abord comme Premier ministre de 1957 à 1960, puis comme président à partir de 1960. Il sera déposé en1966 par le Conseil de libération nationale qui, sous la supervision des institutions financières internationales, a privatisé de nombreuses sociétés d’État du pays. Obligeant l’icône de l’indépendance et du panafricanisme à un exil à Bucarest, en Roumanie, où il meurt le 27 avril 1972. Depuis, son aura, son image et son héritage hante le ghana et tous les panafricanistes du continent.
« Ce dont nous avons besoin dans ce pays, c’est de faire en sorte que, si le diable lui-même venait à gouverner au Ghana, certaines procédures, certaines pratiques l’empêcheraient de faire ce qu’il veut. Il serait obligé de faire ce que le peuple attend de lui ».
Il entre en 1968 à l’académie militaire ghanéenne, à Teshie. Lieutenant d’aviation de l’Armée de l’air ghanéenne, Jerry Rawlings tente le 15 mai 1979, son premier coup de force ; il échoue ! Jugé par un tribunal militaire et emprisonné, Il sera libéré trois semaines plus tard par d’autres officiers. Il remet le couvert le 4 juin 1979, et cette fois, il réussit ! A la tête du Conseil révolutionnaire des forces armées (AFRC), Il renverse le régime du Président Fred Akuffo qu’il fera exécuter avec d’autres officiers supérieurs et dirige le pays jusqu’au 24 septembre 1979, date à laquelle il cède le pouvoir à un gouvernement civil, mené par le Dr Hilla Limann, et retourne dans ses casernes.
Autre ironie, il renversera le même Limann, le 31 décembre 1981, parce que, estime-t-il, ce dernier dirige un pouvoir corrompu et reprend les rênes du pouvoir ! Ainsi commence la légende JJ Rawlings.
« Lorsque le peuple est écrasé par ses dirigeants avec la complicité des juges, il revient à l’armée de rendre aux peuples sa liberté »
A la prise de pouvoir de juin 1979, Jerry Rawlings commence son mandat dans la terreur en signant les exécutions de trois anciens présidents les généraux Kutu Acheampong, Akuffo, et Afrifa, et tous ceux accusés d’« avoir joué un rôle dans l’atteinte à l’image de l’armée par des actes de corruption », rapporte le site inouvelles.net. Certainement pour couper toute vélléité de reprise de pouvoir par la force, comme l’illustre un adage ivoirien qui précise avec ironie « C’est de la manière tu viens au pouvoir, c’est comme ça tu t’en vas ». (sic)
« Lorsque le peuple est écrasé par ses dirigeants avec la complicité des juges, il revient à l’armée de rendre aux peuples sa liberté », tel est le crédo de Rawlings. Le nettoyage du système s’est accru avec les assassinats des juges de la Cour suprême, coupables d’avoir soutenu les différents régimes, des officiers militaires ; on attribue aussi au nouveau régime militaire de Rawlings des massacres et disparitions de plus de 300 autres Ghanéens. Jerry Rawlings a ainsi installé un pouvoir d’exception, avant de faire adopter une nouvelle constitution en 1992 qui non seulement lui garantissait l’immunité avec ses hommes par une clause, L’INDEMNITY CLAUSE, mais posait aussi les bases d’une véritable démocratie par le multipartisme, et surtout l’instauration de la quatrième république ghanéenne.
Il démissionne de l’armée et crée le Congrès démocratique national et se présente à la première élection présidentielle du Ghana. Élu démocratiquement, il sera réélu quatre ans plus tard pour un second mandat. En 2000, la Constitution limitant le mandat présidentiel à deux, il se retire et appuie la candidature de son vice-président, John Atta-Mills qui sera malheureusement battu par John Kuffour. Rawlings restera l’homme qui a tenu sa promesse et accepté de tirer sa révérence, avec élégance.
Jerry Rawlings et Thomas Sankara
Leurs parcours sont similaires. Venus par coup d’Etat, horrifié par la corruption du système de leurs pays respectifs, ils ont marqué leur époque par une vision d’une Afrique digne et fière. Thomas Sankara, le père de la révolution burkinabé, deux ans le cadet de Rawlings, est né le à Yako en Haute-Volta. Panafricaniste et tiers-mondiste, il accédera au pouvoir par un coup d’Etat perpertré le 4 août 1983 et y restera jusqu’au 15 octobre 1987, assassiné par Compaoaré avec qui il avait pris le pouvoir. Pendant cette période, il a changé le temps de la Haute-Volta en Burkina Faso (le pas des hommes intègres), essayé à marche forcé de développer son pays, et surtout lutter contre l’impérialisme occidental, qui ne le lui a pas pardonné. Comme à leur habitude, ils ont utilisé le même Compaoré pour faire la sale besogne.
Lorsque la situation commençait à dégénérer pour son ami au Burkina Faso, “JJ” aurait même conseillé à son frère d’arme de prendre ses distances par rapport à la situation, rapporte Le Libérateur N°45 du 05 au 19 déc. 2007. Et au besoin, de venir s’installer au Ghana. Le capitaine burkinabè, dit-on, déclina gentiment l’offre qui lui était faite : selon toute vraisemblance, il n’avait pas l’intention de se dérober à ses responsabilités. Là, était peut-être la différence majeure entre les révolutions ghanéenne et burkinabè, reprend le site Thomassankara.net Et cela, Rawlings le percevait un peu mieux que ses interlocuteurs burkinabè.
Grace aux réformes de Jerry Rawlings, qui déclarait lors d’une interview télévisée : « Ce dont nous avons besoin dans ce pays, c’est de faire en sorte que, si le diable lui-même venait à gouverner au Ghana, certaines procédures, certaines pratiques l’empêcheraient de faire ce qu’il veut. Il serait obligé de faire ce que le peuple attend de lui ». Le Ghana est aujourd’hui la démocratie la plus aboutie et solide de l’Afrique de l’Ouest.La relève semble assurée car sa fille, Zanator Rawlings est déjà député à Accra, au Ghana et ambitionne de suivre les traces de son père.
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