Crée en 2016 par l’artiste Kader Attia et Zico Selloum dans le Xème arrondissement de Paris, le public pouvait y boire une bière ou un verre de vin, écouter des concerts ou assister à des débats de haute volée animés par des groupes universitaires, des artistes et acteurs sociaux. Située dans un quartier cosmopolite près de la Gare du Nord, Kader Attia décrivait la Colonie en ces termes : « un lieu de savoir-vivre et de faire savoir », « un repère et un refuge », une tribune pour « toutes les identités et toutes les histoires, en particulier celle des minorités ». Il ajoute « Je crois beaucoup au champ de l’émotion que les lieux de vie tels que les cafés et les bars apportent à une société. J’ai été le premier surpris de voir débarquer les jeunes des quartiers, avec le même parcours que moi qui ai grandi en banlieue à Sarcelles. Ils venaient avec la fierté d’avoir un lieu où ils pouvaient être à la maison dans Paris même ».
« J’ai créé la Colonie pour que les conférences sur l’art contemporain, le colonialisme, le queer, toutes les questions qui ont besoin d’espace de parole, aient un lieu où s’exprimer. De grands penseurs y sont passés : Françoise Vergès, Toni Negri, Etienne Balibar… » Un lieu qui collait à l’actualité bruûante : « La disparition de la Colonie est d’autant plus regrettable à un moment pareil, où se multiplient les actions décoloniales comme le déboulonnage des statues, et les gens réclament ces espaces de parole libre » poursuit Kader Attia.
« On avait trop de dettes, plus de 130 000 euros, et le coronavirus a asséché notre trésorerie », confie Kader Attia. Le modèle économique, sans subvention aucune, était fragile. « Les recettes du bar permettaient de payer les loyers et une dizaine de salaires ainsi que l’activité culturelle qui représentait de 10 à 20 % du chiffre d’affaires, précise l’artiste. On a un budget entre 70 000 et 80 000 euros par mois, c’est lourd. On a dû payer la location du lieu pendant les quatre mois et demi de fermeture. Ce n’était plus tenable. »
« Nous ne recevions aucun soutien privé ni subvention publique, toute notre économie était générée par l’activité du bar. On a ramé, ramé avec la trésorerie qu’on avait, on a demandé des aides, y compris aux assurances qui n’ont rien voulu entendre. La cerise sur le gâteau, ça a été de ne pas pouvoir rouvrir en même temps que les autres bars parisiens car nous n’avons pas de terrasse. Avec la logistique très coûteuse qu’il aurait fallu mettre en place pour accueillir le public dans un lieu clos, on n’aurait pas pu rouvrir avant un long moment… Ce que je déplore, c’est qu’un lieu comme la Colonie n’a trouvé aucune aide au moment où il en avait besoin. Si on avait reçu un soutien significatif, ne serait-ce que de la mairie, on aurait pu éponger nos dettes ».
« Pour continuer la lutte, j’aimerais ré-imaginer le lieu sans associer le centre culturel à un projet de bar : on ne veut plus de ces contraintes-là. On fait un appel aux institutions, ou aux privés qui auraient des espaces à louer, avec le désir clair de remonter une agora indépendante, non téléguidée par les partis politiques. Je n’étais pas très fan de l’idée du crowfunding car j’aurais préféré trouver le lieu avant, mais je pense que c’est finalement une bonne idée. La Colonie a aussi existé grâce aux militants, aux gens qui venaient y organiser des choses bénévolement avec l’envie de passer au concret. On essayera d’être plus modeste en termes de coût de fonctionnement. Aujourd’hui, je me dis que le projet était viable jusqu’où moment où une catastrophe arrive. Sans le coronavirus, on serait encore là ».
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