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Lee « Scratch » Perry, l’un des créateurs du reggae dub, est mort à 85 ans

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La Rédaction.

« Lee ‘Scrach’ Perry tirait en l’air, brisait des vitres, échantillonnait les bruits d’animaux, et soufflait de la fumée de marijuana sur les bandes pour soi-disant améliorer ses enregistrements », raconte The Guardian. Producteur génial, fantasque et prolifique, Lee Perry, l’un des pionniers du reggae roots et du dub, « est décédé le 29 août, à l’âge de 85 ans, à l’hôpital de Lucea, dans le nord de la Jamaïque », ont annoncé les médias locaux. Aucune cause de décès n’a encore été annoncée. Andrew Holness, le premier ministre du pays, a adressé ses « profondes condoléances » à la famille de Perry, c’est dire le monument que représente la légende Perry pour l’île.

Un style unique et reconnaissable

Le rythme lent et chaloupé de l’œuvre de Perry a donné naissance au son roots reggae que Bob Marley a rendu mondialement célèbre, tandis que sa production dub, avec son utilisation obsédante de l’espace et de l’écho, aura une profonde influence sur le post-punk, le hip-hop, la dance music et d’autres genres. 

C’est en 1973, qu’il construit son propre studio, le célèbre Black Ark (l’arche noire) où il expérimente les boîtes à rythmes et le potentiel des équipements de studio. Il brûlera l’Arche noire en 1983, convaincu qu’elle était possédée par des esprits maléfiques. En plus de tirer avec des armes à feu, de briser des vitres et d’échantillonner des bruits d’animaux, il souffle de la fumée de marijuana sur les bandes maîtresses pour soi-disant améliorer les enregistrements. Il est à l’origine de la technique des versions dub des morceaux de reggae, où les basses sont accentuées, les voix parfois supprimées et la réverbération ajoutée pour créer un espace sonore sinistre et plein d’écho. « Pour moi, le studio doit être comme une chose vivante, une vie même », disait-il. « La machine doit être vivante et intelligente. Alors je mets mon esprit dans la machine et la machine exécute la réalité. »

« Scratch a aidé mon père à regarder plus profondément en lui-même… [il] a joué un rôle déterminant dans la carrière de mon père ». Ziggy Marley

Mais avant cette aventure studio solo, Perry a également travaillé avec Bob Marley and the Wailers, qui avaient intégré des membres des Upsetters. Leurs enregistrements en 1970 et 1971 sont très admirés ; Ziggy, le fils de Marley, a déclaré : « Scratch a aidé mon père à regarder plus profondément en lui-même… [il] a joué un rôle déterminant dans la carrière de mon père ».

La collaboration s’est cependant terminée dans la rancœur, Bunny Wailer ayant déclaré plus tard : « Il s’est juste assis dans le studio pendant que nous jouions notre musique, et puis il nous a baisés. Nous n’avons jamais vu un centime de ces albums que nous avons faits avec lui… L’ignorance de Lee Perry nous a coûté beaucoup d’argent, et je ne lui ai jamais pardonné. »


Lire aussi : « Studio 17: The Lost Reggae Tapes », le docu qui revisite l’histoire de l’industrie musicale de la Jamaïque

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Naissance de la légende « Scratch »

Né en 1936 dans la paroisse de Hanover, au nord-ouest de la Jamaïque, Rainford Hugh Perry a quitté l’école dès son plus jeune âge : « Il n’y avait rien à faire, à part travailler aux champs, alors j’ai commencé à jouer aux dominos et j’ai appris à lire dans les pensées des autres », dit-il. Il a été embauché par Clement « Coxsone » Dodd, directeur du studio et du label de reggae Studio One, en tant qu’assistant, puis en tant que découvreur de talents, DJ, directeur de magasin et enfin artiste. Son surnom de « Scratch » lui vient d’un de ses premiers enregistrements, The Chicken Scratch, en 1965.

Perry se sépare de Dodd et commence à travailler avec le producteur et directeur de label Joe Gibbs, qui est à son tour mis à l’écart par Perry. Il forme son propre groupe d’accompagnement, The Upsetters, avec une série de premières sorties centrées sur les westerns spaghettis : « Return of Django », « Clint Eastwood », « The Good, the Bad and the Upsetters », etc.

Les Upsetters soutiennent Max Romeo pour l’album War Ina Babylon produit par Perry, qui fait partie de la vague de reggae politisé du milieu des années 1970 et qui contient l’un des plus grands hymnes du genre, « Chase the Devil ». Parmi les autres classiques produits par Perry, citons le chef-d’œuvre cosmique des Congos, « Heart of the Congos », « Party Time » des Heptones, qui reprend Dylan, et « Police and Thieves » de Junior Murvin, qui s’insurge contre la brutalité policière et sera repris par les Clash. Perry a ensuite produit le single « Complete Control » des Clash en 1977.

Source : The Guardian

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