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Le 10 mai : date symbolique des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition

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Par Lise-Marie Ranner-Luxin

Cette année, en raison de la crise sanitaire, les commémorations instituées en application de la loi dite « Taubira de 2001 », prendront une dimension numérique, mais une manifestation aura lieu au jardin du Luxembourg à Paris en présence du Premier ministre Edouard Philippe en petit comité, sans public. Que signifie le 10 mai et pourquoi le choix de cette date ?

Le 10 mai « honore le souvenir des esclaves et commémore l’abolition de l’esclavage »

Christiane Taubira

 Cette phrase extraite du discours de Jacques Chirac, marquait l’importance de cette date du 10 mai qui est la « journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition » depuis 2006. Mais Le 10 mai évoque aussi et surtout la déclaration de Louis Delgrès en 1802 « À l’univers entier…Le dernier cri de l’innocence et du désespoir » et marque aussi le jour de l’adoption à l’unanimité par le Sénat, en deuxième et dernière lecture de la loi de 2001 portée par Christiane Taubira, reconnaissant la traite et l’esclavage comme un crime contre l’humanité. Cette journée nationale a été choisie sur proposition du comité pour la mémoire de l’esclavage CNMHE qui en 2006 était présidé par Maryse Condé. La France est le premier État et demeure le seul qui à ce jour ait déclaré la traite négrière et l’esclavage « crime contre l’humanité » ; elle est également le seul État à avoir décrété une journée nationale de commémoration. La Fondation pour la Mémoire de l’esclavage (FME) a déclaré : « En temps de déconfinement, l’histoire de l’esclavage a des enseignements à donner, sur la résilience et l’invention du monde d’après ».

 

Une présence africaine qui a bouleversé le monde

Le 10 mai est une victoire aussi pour toutes celles et ceux qui depuis de nombreuses années ont dans les départements d’Outre-mer, en France métropolitaine et dans le monde, lutté pour que soit reconnue et célébrée cette histoire. Ce n’est pas seulement l’histoire de la déportation et de la souffrance, mais aussi celle d’une présence africaine qui a profondément bouleverser le monde. Ce que les esclaves ont transmis appartient au patrimoine de l’humanité : l’amour de la liberté et des cultures, des langues, des philosophies de la vie. Que serait le Brésil sans cet héritage ? Que seraient les Caraïbes sans cet héritage ? Que serait la France sans cet héritage ? Que seraient Les Etats-Unis sans cet héritage ? l’Afrique a voyagé dans les cœurs, les bribes de langues, la mouvance des corps, ses chants, sa cuisine, son art, des plantations du Sud des Etats-Unis en passant par les Antilles et le Brésil, hélant la naissance des plus importantes diasporas africaines.

 Cette année… « La page manquante »

Le thème retenu cette année par la FME est « la page manquante », pour « symboliser l’ignorance qui entoure encore l’esclavage et la mémoire de notre passé colonial dans le grand public. Un manque qui est une blessure pour toutes celles et tous ceux dont l’histoire familiale est ainsi niée, ou qui vivent encore aujourd’hui le racisme et la discrimination ».
La Fondation a invité des personnalités à enregistrer une courte vidéo et à « montrer un livre d’histoire ou un livre au choix et raconter ensuite des souvenirs de jeunesse concernant l’histoire de France en général, en y apportant des anecdotes personnelles ». L’objectif est de mentionner qu’il manque une page très importante, « cette page qui raconte l’histoire de la traite et de l’esclavage », précise la Fondation.

#Cestnotrehistoire

Les personnes sont invitées, à se prendre en photo avec une feuille sur laquelle est écrit #Cestnotrehistoire ou écrire un post pour raconter leur ressenti la première fois qu’enfant, on leur a parlé de l’esclavage. Cette année, c’est une commémoration 100% digitale avec un « live zoom » de 14 h à 16 h autour des héritages et des enseignements de l’esclavage et de la traite, pour aider à réinventer notre société. De nombreuses personnalités de la société civile, politique, médiatique et artistique ont été sollicitées pour « un rendez-vous original et authentique en ces temps de confinement », précise la Fondation.
En mai, collections numériques et Flamme de l’égalité

Durant tout le mois de mai, les musées, les bibliothèques et les archives de toute la France vont mettre en valeur leurs collections numériques sur l’esclavage et ses héritages, et les écoles sont également associées à travers le concours « La Flamme de l’Egalité ». Chaque année, les enseignants du primaire et du secondaire sont invités à mener avec leurs élèves une réflexion et à réaliser un projet sur l’histoire des traites et des captures, sur la vie des esclaves et de luttes pour l’abolition, sur leurs survivances, leurs effets et leurs héritages contemporains. En 2019, l’école Marcel Lelong à Sarcelles avait été lauréate catégorie primaire avec son film d’animation Lettre à mon ancien maitre, tirée du document historique de Jordan Anderson esclave affranchi qui écrivait à son ancien maitre le colonel Patrick Henry Anderson.

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