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Hommage à Toots Hibbert, des Toots & The Maytals, le Otis Redding jamaïcain, mort à 77 ans

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Par la Rédaction

 

On lui doit l’utilisation du mot reggae, révélé pour la première fois dans « Do The Reggay« , de 1968. Pilier incontournable de la musique jamaïcaine, il est à l’origine du titre « Bam Bam », plusieurs fois samplé, notamment par le duo Chaka Demus & Pliers qui en a fait un tube planétaire. Toots Hibbert, décédé le 11 septembre dernier a traversé toute l’histoire du reggae depuis le ska, le rock steady, et toutes les époques avec son reggae enrichi de voix gospel et R&B. Rivaux des Wailers dans leurs débuts, The Maytals ont marqué l’histoire du reggae avec des classiques parus dans « The Harder They Come », le film culte jamaïcain de 1972 avec Jimmy Cliff.

 

Un artiste plusieurs fois samplé et repris

En tant qu’auteur des Maytals, qui deviendront plus tard Toots and the Maytals, Toots Hibbert a été à l’origine d’un certain nombre de classiques jamaïcains qui n’ont pas seulement été des succès à part entière, mais qui ont également eu une seconde vie dynamique grâce à des artistes internationaux tels les Clash, Lauryn Hill ou encore Amy Winehouse qui a repris notamment « Monkey Man ».

Parmi ces titres, « Pressure Drop » – repris par le groupe britannique The Clash -, une composition de 1969 sur les tensions quotidiennes de la vie dans les ghettos en Jamaïque, qui a attiré l’attention du monde entier grâce au film The Harder They Come en 1972. L’autre grand air d’Hibbert de cette année-là, « Monkey Man », dans lequel il exprime les pensées d’un amant jaloux rejeté, a connu un succès britannique et a été repris plus tard par les Specials et Amy Winehouse, tandis que « 54-46 Was My Number » – écrit pendant l’incarcération de Toots au milieu des années 60 pour possession de cannabis – est devenu un air rock/reggae majeur à sa sortie en 1968, et également été repris plus tard par Aswad en 1984.

 

 

D’autres morceaux comme « Never You Change », « Bam Bam », « Fever », « Sweet and Dandy » et « Funky Kingston » figurent également en bonne place dans le répertoire jamaïcain. Il a également été le premier artiste à avoir utilisé le mot reggae dans un titre,  orthographié « Do the Reggay » de 1968.

 

Des Vikings aux Maytals

Little Toots -surnom donné par son frère aîné -, Hibbert naît dans une grande famille à May Pen en Jamaïque. Il perd ses deux parents à 16 ans et, après son mariage avec sa petite amie d’enfance, Doreen, à l’âge de 18 ans, il déménage au début des années 1960 dans le quartier de Trenchtown (Kingston), où il décroche un emploi de coiffeur. En 1962, il forme un trio d’harmonie vocale avec deux nouveaux amis de Kingston, Jerry Matthias et Raleigh Gordon sous le nom des Vikings avant de devenir les Maytals en partie en hommage à la ville natale de Toots. Les trois compagnons sont finalement rejoints par les instrumentistes Jackie Jackson, Paul Douglas, Hux Brown et Radcliffe Bryan. La composition du groupe évoluera au fil des années.

Alors que le ska s’installe en Jamaïque, les Maytals prennent la vague avec une succession de singles à succès locaux, dont beaucoup sont produits par Prince Buster et Clement Dodd qui sont à la manette de deux albums studio de cette époque – Never Grow Old (1964) et The Sensational Maytals (1965).

 

En 1966, le groupe remporte le premier concours de chanson populaire du festival de l’indépendance jamaïcaine, avec « Bam bam ». Peu de temps après, il est arrêté alors qu’il rentre chez lui après un concert à Ocho Rios et emprisonné pour possession de cannabis, une accusation qu’il a toujours niée et qui a été montée de toutes pièces, notamment parce qu’il ne fumait même pas de marijuana à l’époque. Libéré un an plus tard, il se convertit finalement à l’usage du canabis (sic) et utilise son matricule de prisonier, 54-46, comme titre à la base de son succès peut-être le plus durable, puis remporte la version 1969 du concours national de chant avec Sweet and Dandy.

 

Toots Hibbert – Toots and the Maytals UK session

En 1970, les Maytals se produisent à Wembley pour un premier grand festival de reggae au Royaume-Uni, avec Bob & Marcia, Desmond Dekker et les Pioneers.

En 1972, ils se font connaître dans le premier long métrage produit en Jamaïque – The Harder They Come – avec Jimmy Cliff dans le rôle d’Ivan, un jeune homme de Kingston en quête de gloire musicale. Lorsqu’Ivan s’aventure pour la première fois dans un studio d’enregistrement, il voit passer Hibbert, et le prend comme premier modèle. « Pressure Drop » et « Sweet and Dandy » seront inclus dans la bande originale de l’album de 1973, ce qui a permis à Hibbert de toucher un public encore plus large.

À cette époque, le groupe était devenu Toots and the Maytals, après s’être associé à Chris Blackwell de Island Records, qui avait également persuadé Hibbert de composer la très admirée chanson « Funky Kingston » finalement le titre de leur album de 1972. Sous la direction de Blackwell,c’est la porte à  la reconnaissance mondiale :  le groupe tourne dans le monde entier, avec des groupes tels que les Who et les Eagles.

 

 

La reformation de Toots & The Maytals

En 1982, cependant, Hibbert parvient à un accord à l’amiable pour dissoudre le projet Maytals et l’année suivante, il sort un album solo, Spiritual Healing, qui explore les croyances rastafariennes qu’il nourrit depuis de nombreuses années. Suite une période d’inactivité jusqu’à la fin des années 80, et la reformation des Toots and the Maytals, principalement en tant que groupe de tournée. Et un album, True Love (2004), qui remporte enfin un Grammy Award.

En 2013, lors d’un concert à Richmond, en Virginie, aux États-Unis, Hibbert est hospitalisé après avoir réçu une bouteille lancée par le public. En plus des coupures et des commotions, Toots découvret qu’il ne se souvient plus des paroles de ses chansons, que son acuité en tant q’auteur-compositeur avait disparu. Il est aussi sujet à des crises de panique. Après une interruption de trois ans de tournée et d’enregistrement, il réussit à se rétablir et à revenir.

En août, Toots and the Maytals sort Got to Be Tough, son premier album studio depuis dix ans. Hibbert devait tourner avec cet album aux États-Unis et au Royaume-Uni lorsqu’il a été frappé par des problèmes respiratoires.

Il laisse une femme et sept enfants.

 

Source : The Guardian

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