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Hommage à Musha, l’un des précurseurs du reggae parisien

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Par Awal Mohamadou

C’est un des artistes majeurs de la scène reggae et underground des années 80 et 90 à Paris / Ile-de-France qui vient de décéder, le chanteur d’origine congolaise Mushapata !

Mushapata était non seulement un témoin de l’évolution du reggae, à Paris et en France, depuis les années 80, mais c’était aussi un artiste prolifique largement influencé par les musiques jamaïcaines des années 70 et africaines.

Né à Bukavu, une ville de la République Démocratique du Congo située sur la rive sud-ouest du lac Kivu, Mushapata arrive en France à la fin des années 70 pour poursuivre sa carrière de boxeur. Mais sa rencontre avec Bob Marley va changer sa vie !

En 1980,  le « prophète rasta »  fait une tournée dans l’Hexagone, le jeune congolais est recruté comme garde du corps de Bob Marley. Cette expérience est une forme de « renaissance » (au sens spirituel du terme) et marque un tournant dans sa vie.

Un artiste engagé

Durant la décennie des années 80, « Musha » comme l’appelaient ceux qui le côtoyaient régulièrement s’installe dans l’underground du reggae parisien. On le croise alors dans tous les sound systems et les concerts (parfois clandestins) de la capitale, il se déplace avec un grand sac rempli – semble-t-il – d’herbes médicinales, et monte un « backing band » à géométrie variable qu’il baptise le Saba Saba Fighting.

Artiste engagé, décolonial et africaniste, il citait régulièrement le nom de Patrice Lumumba comme faisant partie de ses sources d’inspirations. Négligé par les producteurs et les labels majeurs de l’époque qui le jugeaient incontrôlable, il s’autoproduisait et avait toutes les difficultés du monde à trouver des distributeurs efficaces pour placer ses disques. Il chantait en quatre langues : français, anglais, lingala et swahili.

En 1989, il sort « Châtelet les Halles » que certains considèrent comme le meilleur morceau de sa carrière. La chanson raconte l’histoire d’une « embrouille » (avec garde à vue) dans le « Châtelet- les Halles »  des années 80. Le succès du titre dépasse largement les réseaux strictement underground, il est diffusé sur un grand nombre de radios alternatives de l’Hexagone et contribue à propulser son auteur en première partie de stars de la musique jamaïcaine, en France (Don Carlos, Burning Spear…)   et à l’international (Belgique, Allemagne etc… ).

Des titres emblématiques

Les shows de Mushapata sont structurés autour de quelques chansons emblématiques comme l’excellent Africa Ni Baba Yetu (chanté en swahili), Papa Maman Liberté, Kamoulanga, Baby I Love You, Kilio et bien sûr Chatelet-les-Halles. A bien écouter ces compositions, on perçoit clairement des structures rythmiques et des sonorités empruntées au Brakka (musique urbaine des années 40 à base de flute et de percussions et originaire de l’Afrique de l’Est).

Pendant la décennie 90,  Il se produit régulièrement dans plusieurs villes de provinces mais il ne parvient pas à se détacher de l’étiquette « artiste incontrôlable » qui lui colle à la peau et effraie des organisateurs de spectacles et des maisons de disques. Il n’arrive toujours pas à vivre uniquement de sa musique contrairement à certains groupes français bien connus de ces mêmes années.

Ces dix dernières années, Mushapata faisait moins de concerts. Plus récemment, d’aucuns le disaient malade. Il laisse derrière lui une discographie inspirante que les jeunes amateurs de reggae doivent découvrir pour tenter de comprendre ce que fut l’underground du reggae, à Paris et en Ile de France, dans les années 80/90.

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