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« Autant en emporte le vent » jugée trop raciste, retiré des catalogues de HBO

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Par Lise-Marie Ranner-Luxin

Il était temps ! Il aura fallu la mort de George Floyd, et les nombreuses manifestations à travers le monde contre le racisme pour que HBO prenne conscience que « Autant en emporte le vent », considéré comme un chef d’œuvre, était une insulte à la communauté noire. La plateforme prévoit tout de même de remettre le film en ligne mais avec une contextualisation pour resituer l’œuvre dans son époque. Autant pour nous !

En toile de fond, oppression, racisme et sexisme

Situé dans une plantation à Atlanta, « Autant en emporte le vent » décrit dans une version à l’eau de rose l’intrigue autour de Scarlett O’Hara, interprété par Vivien Leigh, qui vit dans un manoir appelé « Tara », et son histoire d’amour avec Rhett Butler, dans le Sud avant et après la Guerre de Sécession. Il passe volontairement sous silence le racisme de l’Amérique et son aveuglement face aux horreurs de l’esclavage qui est dépeint comme une institution heureuse. Les esclaves y sont bien traités, joyeux, dévoués à leurs maîtres. Ils sont même récompensés par des cadeaux s’ils ont été fidèles : en gros, ils sont contents de leur sort. Le père de Scarlett dit même au début du film : « nous garderons nos esclaves, avec ou sans leur approbation ». Si « Autant en emporte le vent » n’est pas aussi raciste et violent que « Birth of a Nation », le racisme subtil et l’atmosphère qui s’en dégage est beaucoup plus insidieux, avec du « Miss Scarlett » à tout bout de champs. Cette réinterprétation puérile de l’histoire américaine est l’œuvre manipulatrice de mouvements très organisés dans les anciens Etats confédérés, qui se sont attachés à montrer le Sud d’avant la Guerre de Sécession sous un jour présentable, avec la complicité des studios hollywoodiens.

Hattie McDaniel y gagne un Oscar, mais…

Le film a certes remporté plusieurs Oscars, dont celui de la meilleure actrice dans un second rôle pour Hattie McDaniel, première actrice noire à être récompensée, mais les Noirs y sont représentés comme des enfants, voire des abrutis. Des stéréotypes qui se perpétuent encore dans l’inconscient de l’industrie du cinéma qui, malgré sa politique de quota, n’a eu de cesse d’inférioriser la plupart des personnages noirs, quand il ne les faisait pas mourir au début où à la fin de certains films. Et oui, même à Hollywood la vie des Noirs ne compte pas. Et puisqu’il faut contextualiser, rappelons qu’à sa sortie les Noirs ne devaient pas assister aux mêmes séances que les Blancs et empruntaient des sorties différentes, et que Hattie McDaniel et Butterfly McQueen, les deux principales actrices noires, n’étaient même pas autorisées à assister à la première, à cause de la ségrégation.

Si la mort de George Floyd permet que Hollywood face son examen de conscience, elle aura aussi eu cette utilité parmi tant d’autres, oui, il était temps, enfin !

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